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| | Ludovico III, Prince Dément... | |
| Auteur | Message |
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Ludovico III Leoneღ Il sua Altezza Femminiello ღ
| Sujet: Ludovico III, Prince Dément... Ven 8 Oct - 18:36 | |
| Devant les roues toutes nouées Un éventail rit aux éclats, Trainé par des chevaux parfaits Plus laids que des béquilles Et l'aube se passe autour du cou Un collier de fenêtres. - Ludovico III -
Dernière édition par Ludovico III Leone le Mer 22 Juin - 10:10, édité 51 fois |
| | | Ludovico III Leoneღ Il sua Altezza Femminiello ღ
| Sujet: Re: Ludovico III, Prince Dément... Sam 9 Oct - 15:43 | |
| Elle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens, Elle a la forme de mes mains, La grande cloche qui zézaye Et s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel. - Ludovico III - ۞ Passé :
Aussi pathétique que cela puisse paraitre, le passé de Ludovico III du Lion est une vaste tragédie comme on peut en voir dans les pièces de théâtre antique. Dernier enfant de Ludovico II et Antonella Leone, précédé de cinq frères et d'une sœur, Artemisia, il était si chétif à la naissance, venu par le siège, que les médecins ne lui donnèrent pas plus que quelques mois à vivre. Le bal incessant des nourrisses commença alors, pour le garder en vie et s'occuper de lui, et durant son enfance ses parents ne furent que des figures distantes, presque anonymes. Dernier enfant, Ludovico fut plus avec les domestiques qu'avec ses frères et ses parents, alors qu'Artemisia, enfant en surpoids boudée par la famille, se rapprocha de lui. C'était un garçonnet certes frêle, mais très éveillé, et plutôt intelligent, qui comprenait et assimilait vite les choses et les concepts. Il montra très tôt des signes d'intérêt pour le dessin, la couleur, la peinture et finalement l'art en général, demandant souvent à consulter les livres de la bibliothèque familiale ou de pouvoir aller au musée admirer toutes ces choses, ces réalisations qui le faisaient déjà tant vibrer.
Ludovico était un enfant sensible et imaginatif, personne n'en douta mais personne ne sembla s'alarmer lorsqu'il parlait de "L'Autre", un ami que seul le petit garçon voyait. Mais lui, il savait que L'Autre existait, même s'il ne se représentait pas vraiment son physique. Avoir un ami imaginaire auquel on croit dur comme fer, est-ce un vice pour un enfant? Personne ne sembla le penser et on laissa Ludovico croire à la présence rassurante de L'Autre, qui le consolait quand il était triste, lui donnait de bons conseils quand il était perdu ou encore le mettait en garde. Il jouait avec lui, enfant solitaire de nature bien qu'aimant les gens. Cependant il arrivait à Ludovico de délaisser quelques heures son ami imaginaire pour passer du temps avec sa sœur Artemisia, mise au ban de la famille car boulimique et obèse. Mais lui, enfant encore innocent, se fichait du physique de son aînée. Au contraire même des autres, il l'aimait pour ce qu'elle était, dedans comme dehors. Il aimait venir la nuit et se glisser contre elle pour avoir chaud quand il dormait. Pour lui serrer les bras ou enfouir son visage dans ses cheveux, dormir contre son ventre. Peu importait comment elle était : Ludovico aimait sa sœur aussi parce qu'elle était obèse. Personne d'autre dans la famille n'avait un corps comme le sien et c'était ce qui faisait d'elle quelqu'un d'unique. Inconsciente pensée d'enfant.
Avec le temps, peindre devint la passion du jeune garçon, qui démontra pour l'art pictural un rare talent, maniant la couleur et les textures avec brio pour son jeune âge. Cependant, nombre de ses toiles représentaient des paysages impossibles, des perspectives faussées, des choses cauchemardesques et bien vite on arriva à lui faire avouer qu'il peignait tout simplement ce qu'il voyait ou entendait. Qu'il voyait des odeurs, qu'il entendait des couleurs, et que tout ce mélimélo de sensations l'inspirait. Alors finalement un psychiatre le diagnostiqua schizophrène, prit d'hallucinations. Un si gentil garçon... les dérangements mentaux étaient le lot de la famille du Lion, et personne ne sembla étonné du verdict du psychiatre. De toute façon Ludovico était le dernier enfant de la fratrie, et donc un élément négligeable. Mais un élément négligeable avec du talent.
Cependant, le talent ne préserve pas de la douleur et encore moins de la folie. Bien souvent, le génie se jumelle à la démence.
Le temps passa et l'enfant grandit dans un environnement étrangement calme et anormalement paisible. Il peignait, dessinait, griffonnait à longueur de journée, parfois dans les jupes d'Artemisia, parfois en train de jouer avec ses cousins et cousine. Ce fut à l'âge de dix ans qu'il eut une première expérience étrange : sa cousine Fabia, adorant monter aux arbres, le mit au défi, lui le petit trouillard, de faire comme elle. Ludovico, qui avait tout de même sa petite fierté de Leone, s'exécuta dans l'instant, glissant comme un beau diable, s'humiliant devant les enfants de sa famille. Et même quand il tomba sur le dos, il se releva et jura à sa cousine hilare qu'il y arriverait un jour, qu'il a rejoindrait en haut. Alors Ludovico essaya, encore et encore, tout seul face à cet arbre, un peu chaque jour où il pouvait sortir. Et même s'il se croyait seul, Fabia était là, à l'observer à la dérobée.
"Je t'aime, Ludovico."
Quand Fabia lui dit cela, le petit garçon ne comprit pas tout de suite. Sa cousine, d'un an plus âgée que lui qui n'avait que dix ans, était amoureuse de lui, émue par les efforts enfantins qu'il faisait pour la rejoindre sur l'arbre. Elle fut son premier amour, une cible inaccessible mais aux sentiments partagés, mais aussi la première victime de sa malédiction personnelle... un jour, après moult efforts, Ludovico parvint à monter à l'arbre, devant le regard impressionnée de Fabia, hilare de fierté pour son petit amoureux. Extatique, elle grimpa à l'arbre qu'elle avait tant l'habitude d'escalader pour le rejoindre et le féliciter... mais une branche que Ludovico avait abimé en montant se brisa sous son poids et la petit fille chuta au sol sur le dos, dans un bruit sinistre. Ludovico descendit comme il put, secouant sa cousine pour qu'elle se réveille, qu'elle arrête de faire semblant de dormir. Il y avait du sang qui coulait de sa bouche. Mais pas beaucoup. Ce n'était pas si grave, un tout petit peu de sang...
Les funérailles d'une petite fille sont toujours plus cuisantes de douleur que ceux d'une vieille femme qui a rondement mené sa vie. L'Autre lui avait dit de se taire. De ne rien dire : Fabia était tombée en montant seule. Il ne fallait rien dire, sinon on l'accuserait d'avoir tué sa cousine. Et pourtant, cette douleur, cette souffrance d'avoir perdu un être cher, monta en lui en un flot de culpabilité qui ne le quitterait jamais. Ludovico se replia sur lui-même peinant à accepter l'absence de Fabia, se réfugiant auprès de sa sœur, contre son corps imposant, chaud, moelleux et réconfortant. Le contact d'Artemisia chassait toutes ses misères, toutes ses mauvaises pensées. Il était amoureux de son aînée depuis la petite enfance, elle qui savait si bien s'occuper de lui. Amoureux de ce contact particulier au point que lorsqu'Artemisia décida de fuir l'humiliation familiale pour Jazerath, Ludovico lui en voulu : il perdait son jardin de douceur et d'apaisement. Et chaque nuit sans la chaleur de sa sœur fut emplie de cauchemars multicolores. Il lui écrivit cependant, chaque fois pour l'implorer de revenir auprès de lui. Lui qui l'aimait pour ce qu'elle était, dedans comme dehors.
Ludovico eut quinze ans que la famille Leone ne tourna pas le regard vers lui; il s'en fichait un peu. Il était pour les Lions un minet efféminé certes talentueux, mais guère prometteur en dehors de cela. Il n'entendait rien à la politique et n'avait pas l'allure d'un homme. Pas l'allure qu'on exigeait d'un Leone. Son cousin Marco Antonio, tête des Leone à cette époque, lui fit douloureusement sentir : il n'était qu'un freluquet trop maigre à la santé de verre. Qu'il retourne à ses barbouillages incohérents. Très bien : ses dits barbouillages étaient sa raison de vivre. Pouvait-on seulement considérer un Leone qui ne montra jamais une seule once de maîtrise de la Maestà? Car oui, Ludovico III était incapable d'utiliser la Maestà. Et cela, malgré son talent artistique, le faisait passer pour un échec. Mais lui s'en fichait. Au moins n'aurait-il aucun poids politique à porter dans les manigances des Leone, et on le laisserait en paix, dans son univers. Il fut tant écarté du monde brillant des bals et autres soirées que lorsqu'il comprit qu'il était tout de même investi d'un pouvoir, il n'en parla à personne. Même pas à Artemisia, loin, si loin au delà de son océan noir et métallique et de ses étoiles qui tournaient trop vite.
"Je t'aime, Ludovico."
Pour la seconde fois entendue. Phrase si venimeuse, toxique, sortie de la belle bouche de cette Pavone, Lunaria, qui regardait ses toiles exposée au musée Salieri. La jeune femme tomba amoureuse du Petit Lion en se perdant dans ses œuvres, touchée en plein cœur, en plein esprit. Curieuse déclaration d'amour qu'il prit au sérieux du haut de ses seize ans et sa sensibilité extrême, comme beaucoup d'adolescents. Quantité négligeable pour les Leone, il fut rapidement question de mariage arrangé entre les deux adolescents qui passaient beaucoup de temps ensembles pour apprendre à se connaitre, eux et leurs peintures. Car Lunaria elle-même peignait, même si ses toiles étaient un peu trop conventionnelles pour l'esprit si vaste de son prétendant. Un mariage entre un Leone et une Pavone pourrait beaucoup apporter aux Lions, se liant à cette nouvelle famille d'une richesse incroyable. On les maria alors, sans plus de salamalecs. La naissance de Lucia, une petite fille aux grands yeux de rubis, suivit le cycle logique de cette décision. Et malgré l'amour de Ludovico, Lunaria mourut après avoir mit au monde leur fille. Échec pour les deux familles, nouvelle douleur pour le Petit Lion. Il était maudit.
Ne me dites jamais "je t'aime". C'est une incantation funeste.
Fils-père d'à peine dix-sept ans, on laissa Ludovico et son "engeance bâtarde" dans son coin, l'enfant laissé aux soins des nourrisses car son père était "inapte à veiller sur un enfant", comme il était schizophrène sévère. La bonne affaire. La belle histoire. Ludovico retourna à la douleur de l'accouchement de l'art, délaissant de plus en plus le monde réel. L'Autre avait raison : les autres se trompent et ce qu'il sent est la seule vérité. Celle qu'il voit, sent, ressent, touche, vomit, exulte. Lucia elle-même, bébé innocent, disparu de ses centres d'intérêts aussi rapidement qu'elle y était entrée. Il resta dans ses toiles, ses poèmes, son monde, sa réputation d'artiste, sa démence rassurante comme le gros corps d'Artemisia qui n'était plus là. Dans de la graisse sécurisante. Tout enveloppé de rubans de dédales sans limite. Mais un jour, La Manigance pointa son doigt de hasard dans sa direction, et sa vie ne fut plus jamais la même : lui, l'artiste schizophrène politiquement incapable au physique de giton, devenait la tête de la famille Leone, succédant à son cousin Marco Antonio, le fort, le valeureux, lui prenant sa place.
Le hasard fait bien les choses?
Un tout petit homme sur un grand trône. Tous durent fonder leurs espoirs sur cet adolescent chétif qui n'avait rien d'un chef. Lui-même était convaincu qu'on l'assassinerait bientôt, ou qu'on trouverait quelque chose pour incapacité le choix de La Manigance qui l'avait désigné dirigeant des Lions, lui qui n'était encore qu'un Lionceau qui n'aurait surement jamais de crinière. La politique, cette chose triviale, ennuyeuse, terre-à-terre, l'éloigna de son art, et cela le déprima énormément, le rendant mou et amorphe durant une période de faiblesse où une de ses cousines, avide de pouvoir en profita pour intriguer dans le but de l'épouser et devenir ainsi la première Lionne. Lointain, désintéressé, Ludovico accepta de de marier avec Abigail Ariana Leone, une femme de dix ans son aînée, connue dans la famille pour ses frasques libertines. Elle comptait bien avoir le beurre et l'argent du beurre : la place stratégique d'épouse de la tête de famille et son jeune corps d'éphèbe si docile.
L'art lui manquait, et il sombra totalement dans la dépression au retour tant attendu de sa sœur. Elle était méconnaissable, les Pavone ayant modifié son corps selon son propre souhait pour faire d'elle une "belle" femme, ou plutôt "une femme mince". Regardant son esprit, le dedans avait changé aussi : tout était superficiel. Son aînée était obèse, elle était grosse. C'était pour cela qu'il l'aimait tant. Pour ce corps hors norme, cette chaleur unique. Alors, dans un élan d'hystérie, Ludovico repoussa Artemisia, vociférant : "Tu n'es pas ma sœur! Qu'on me rende ma sœur!" Il tremblait comme une feuille, incapable de reconnaitre son aînée sans ses kilos mais surtout son humilité. Cette femme ne pouvait pas être Artemisia.
Artemisia était obèse : c'était pour cela qu'il l'avait aimée.
A présent, tout sentiment d'amour quitta Ludovico, pensant à Artemisia. Il avait définitivement perdu son unique refuge. Quant à Abigail, sa femme, elle passait son temps à copuler sans but avec son corps docile, presque inerte : Ludovico n'avait aucune raison de se défendre. Cela durait quelques minutes, le temps qu'il jouisse, et c'était fini. Abigail tenta de le rappeler un peu à la réalité du plaisir en improvisant des jeux, des situations, mais rien n'y fit. Elle l'attacha au lit, couvrit son corps de nourriture, le prit elle-même avec des accessoires... Ludovico était toujours aussi amorphe et étrangement courtois avec elle. Gentil, si gentil...
"Oui Madame, tout ce que vous voudrez madame."
Comment peut-on faire avec un homme si proche de l'huitre? Abigail, étrangement, s'enticha de plus en plus de son mari, au point qu'un soir, après avoir profité de son corps, elle se lova contre lui, pour lui dire au creux de l'oreille la phrase qu'il haïssait le plus au monde et qui signait la perte de ceux qui la disaient :
"Je t'aime, Ludovico".
S'il ne réagit pas tout de suite, le jeune homme fini par violemment repousser sa femme au bas du lit, persuadé du caractère funeste de cette incantation. "Pauvre folle, retire ce que tu as dis!", cria t-il, au bord de la crise de nerfs. Il ne fallait pas. Il ne fallait pas l'aimer. Même L'Autre le disait. C'était se jeter aux feu de Charon. C'était signer son arrêt de mort. Ce soir là, Ludovico fit une fugue, pour fuir à jamais, l'espérait-il, sa famille, son titre, sa malédiction, ces gens qui l'aimaient et qui mourraient. Pour fuir les vagues de velours de ses pensées qui voulait l'appauvrir comme une cloche de mauvaise fortune. Il parvint à quitter la ville, la Milice sur les talons, se réfugiant dans un phare au bord de la lagune, recueilli par un vieux bonhomme qui l'avait repêché dans les flots de la lagune alors qu'il tentait de se suicider par noyade. Il resta chez ce vieux plusieurs jours, grelottant sous une épaisse couverture de laine en buvant une soupe chaude, caressant et jouant avec le chien de l'homme, écoutant ses histoires d'ancien marin défendant des cargaisons contre d'impitoyables pirates. Et comme toutes les bonnes choses ont toujours une fin, la milice fini par le retrouver, l'arrachant à ses nouveaux amis.
Quelle est la signification de ce jeu de Fous?
Il retrouva une Abigail en larmes, en pleine hystérie, qui le gifla en lui exigeant des excuses qu'il donna docilement, sans se révolter, sans même s'offusquer. Il s'excusa, lui fit l'amour et la consola en lui disant qu'il l'aimait. Était-ce vrai? Elle lui avait manquée. Il l'aimait. Elle allait mourir donc. Peut-être était-ce mieux ainsi. Non? Son cœur, famélique zombie de verre, s'entichait misérablement de tout ceux qui lui disaient l'aimer. Misérable dément. Misérable éternel adolescent au cœur trop demandeur. Pauvre maudit. Et si ses rapports avec sa femme s'améliorèrent après cela, éveillant en lui un peu plus d'intérêt que précedemment, il était persuadé qu'elle allait mourir. Et quand elle le mena dans les écuries pour lui proposer un "nouveau jeu" dans le cadre de leurs relations intimes, il se douta que cette idée ne venait pas d'elle. Son cousin Marco Antonio s'entendait bien avec Abigail. Ou bien à dessein. Ludovico savait que son cousin regrettait le pouvoir. Pouvoir que lui possédait, même si dans cette période calme, il se contentait d'administrer mollement.
Et quand elle commença à le solliciter juste à côté du box d'un étalon que leurs ébats commençaient à rendre nerveux, lui avouant que Marco Antonio lui avait conseillé de mettre un peu de piment et de peur dans leurs amours, Ludovico vit l'animal sortir avant même que ce dernier ne le fit. L'étalon rua contre la porte au point de la renverser, écrasant le corps d'Abigail qui était seule dans le passage après avoir poussé Ludovico, piétinant sa tête, la tuant sur le coup. Et même s'il était persuadé de la mort proche de sa femme, le Lionceau hurla d'effroi, laissant le cheval s'enfuir au loin, tombant dans l'inconscience. Était-ce une intrigue pour le tuer par accident? Ou pour tuer Abigail et avoir le champ libre pour l'épouser et tenter de le contrôler? En tout cas, la convalescence finie, Marco Antonio épousa son cousin qui lui vit clair dans l'esprit du Grand Lion : il voulait le dévorer, dévorer son pouvoir, lécher ses muscles jusqu'à ce qu'il se liquéfie. Ludovico fut enfermé dans le Palazzo Leone soit disant "pour son bien", réintroduit à l'art pour le distraire. Cependant, entre deux peintures, il était devenu complètement paranoïaque, évitant les femmes comme la peste, profondément choqué de la mort d'Abigail qui fut si violente.
Ludovico ne sortit plus du palais. Il s'enferma dans des pièces en refusant d'être dérangé ou de recevoir, seul avec ses toiles, seul avec lui-même et L'Autre. Seul dans son univers schizophrénique. Sa seule vraie réalité. Douce comme les replis de graisse de cette Artemisia, muse obèse de ses toiles, qui n'existait plus. Morte sans l'être. Des cœurs morts-vivants et leurs vampires d'amour qui se liquéfient dans des esprits malades. Et lorsqu'il découvrit le goût de son cousin pour le sexe fort, à grand coup de butoir sans son accord dans son intimité jamais visitée de la sorte par un homme, il se rebella quelques fois, dégoûté par ce que Marco Antonio lui infligeait à lui qui n'avait même jamais pensé que deux hommes pouvaient coucher ensembles. Après quelques gifles et autres coups, il comprit qu'il devait redevenir docile et accepter son sort. L'Autre avait acquiescé à cette idée. Il fallait se soumettre au Grand Lion et ses amours qui l'empêchaient de s'assoir. Être à la tête d'une famille noble Belmontienne n'a rien d'enviable. Pourtant, au fond de lui, Ludovico savait que Marco Antonio ne pourrait pas le manipuler.
Tout simplement parce que c'était lui, le Petit Lion, qui avait le pouvoir de lire les sérigraphies des lamelles d'esprit. Parce qu'il contrôlait ce qui passait et repassait dedans, des petits moutons de nuages de peurs et de folie. Parce qu'il savait quoi faire.
Et un soir que son mari qui l'avait prit à nouveau, sa besogne finie se rhabillait pour partir sans demander son reste, Ludovico referma sa chemise froissée sur son torse frêle et lui demanda d'un air égaré :
"S'il vous plait monsieur, dites-moi que vous m'aimez."
Le Grand Lion trop fier se tourna vers le Petit Lion trop docile pour finalement faire volte-face et sortir de la pièce, visiblement gêné par les dires de son mari. Parti sans rien dire.
Dis le. Dis le moi. Dis le moi juste une fois. Dis moi que tu m'aimes, Marco Antonio.
Et tu mourras. Et je serai à nouveau libre dans les calandres qui lustrent les draps de mes espérances liquéfiées.
Et pourtant, pourtant, jamais le Petit Lion ne fut libre de cette façon. Il subit l'amour de sa sœur, l'amour de son mari, l'amour envahissant, abrasif, empoisonné et dans le silence de ses errances, il comprit qu'il devait fuir, le plus loin possible. Le plus longtemps possible pour se tenir éloigné de ces créatures qui le dévoraient en commençant par la tête. Par la Tête. Destin d'alouette sans grâce. Il fuit alors, demandant à Anima Serpente de bloquer l'utilisation de la Maestà de Marco Antonio sur lui en échange de l'anoblissement de la famille Serpente, qu'il lava publiquement de toute accusation sur le génocide de la famille Cigno. Puis, Ludovico put enfin se perdre. Se perdre dans des paysages infinis, irréalisables, profond comme les ténèbres et claires comme la lumière. Il erra durant quatre mois complet dans tout Bulluno, achevant son étrange périple à la recherche de lui-même sur la tombe de son ancien amour, Abigail, exhumant son cercueil qu'il trouva vide. Était-elle morte et marchait-elle quelque part sur ces terres désolées? Était-elle vivante? Ou bien n'avait-elle jamais vécu que dans ses rêves?
Lorsqu'il revint à Belmonte, tout crotté et les cheveux sauvages, le Petit Prince des Lions demanda le divorce, trouvant la force de le faire, s'étant purgé de l'influence de Marco Antonio. Ce dernier comprenant que son mari avait bien grandi, courba l'échine et se soumit à la décision de la famille, pour retourner dans le corps d'armée Bullunien. Au plus grand regret du Prince Dément qui réalisa qu'il était follement amoureux de ce cousin qu'il n'avait jamais vu que comme un Ogre mangeur de virginité. Pour parfaire sa solitude, il maria sa sœur aînée Artemisia à Guiliano Fenice, Tête de la famille du Phénix, trouvant un peu de compagnie en adoptant un petit orphelin en qui il découvrit du sang noble de la famille Cigno, Michelangelo, qui devint son meilleur ami.
Pauvre Prince puéril, qui ne savait pas grandir.
Et à présent, Altro, mon Autre, qu'allons nous faire? Qui nous aimera?
Personne ne nous aime; personne ne le doit. Je suis damné entre tout les hommes. |
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