Belmonte
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 Anna Cassiope

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Anna Cassiope _
MessageSujet: Anna Cassiope   Anna Cassiope Icon_minitimeLun 18 Oct - 19:39

    ۞ Prénom(s) : Anna
    ۞ Surnoms : On lui en a donné beaucoup. Les plus notables, et qui revenaient le plus souvent, sont l'Illusionniste, la Rôdeuse, l'Ahurie, et enfin Nana pour les intimes. Elle n'y prête elle-même que peu d'attention.
    ۞ Âge : Vingt et un ans.
    ۞ Au service de : La famille Corvo, pour le moment
    ۞ Rang de domestique : Servante ou dame de compagnie.
    ۞ Spécialité : Le divertissement : il n'existe probablement aucun jeu qu'elle ne connaisse pas, de plus ses tours de passe-passe ravissent jusqu'aux plus exigeants.
    ۞ Orientation sexuelle : Anna ne s'est jamais posé la question d'une "orientation sexuelle". Pour elle, l'amour est asexué et, de ce fait, elle pourrait être définie comme bisexuelle.

    ₪ ASPECT PHYSIQUE ₪


    ۞ Physique : Anna est une beauté discrète et épurée. Ses traits sont fins, légers, aériens, sa peau lisse et blanche, si peu épaisse que l'on y voit les veines bleutées ici ou là. De taille moyenne, ordinaire pour une femme, et très mince de constitution, se fondre dans une foule est pour elle un jeu d'enfant. Mis à part lors de ses représentations, elle est de toute façon très discrète, de sorte que la repérer n'est jamais une mince affaire, où qu'elle puisse se trouver. C'est cependant une histoire bien différente lorsque vous l'avez dénichée, et qu'elle effleure votre âme en relevant son visage vers vous...
    Des iris comme des fenêtres ouvertes sur les forêts verdoyantes d'un autre monde, des lèvres comme des pétales de rose, des cheveux comme un brasier doux et ravageur. Ce nez fin comme celui d'une poupée, ces joues délicates, et surtout cette si étrange manière de maquiller son visage décontenancent ou fascinent dès la première seconde. Ces yeux qu'elle pose sur les gens comme si c'était toujours la première fois qu'elle rencontrait un être pensant, cet air étonné même devant ses plus vieux amis, cette façon de soutenir un regard sans ciller... D'aucuns la trouve trop étrange pour pouvoir la côtoyer. Elle peint ses paupières de pourpre et dessine de longs traits noirs de part et d'autre de son regard, applique un rouge pulpeux au centre de sa bouche et farde ses pommettes d'un rose marqué. En réalité elle ne se maquille ainsi que lorsqu'elle se représente, cependant du fait qu'elle est en représentation presque tous les jours, il est au final très rare de la croiser sans peinture. Quoi que... Depuis quelques semaines, certains disent l'avoir aperçue visage nu (ceux-ci prétendent avoir distingué de larges cernes, d'habitudes invisibles sous le maquillage, sous ses yeux), ou portant un étrange masque à bec de corbeau ; depuis son entrée au service des Corvo...

    ۞ Allure : Ses manières sont si singulières qu'il est impossible de lui déterminer une provenance. Ses gestes sont bien trop gracieux et distingués pour qu'elle vienne des rues ou des classes moyennes, trop lents et indécis pour provenir d'une éducation bourgeoise, et elle ne respecte pas non plus toutes les règles de l'étiquette qui auraient pu lui faire prendre racine chez la noblesse. Elle se tient droite mais reste toujours très souple. Sa démarche est chaloupée, silencieuse comme celle d'un chat, et elle regarde toujours ce qui l'entoure avec un air étonné, comme si elle découvrait chaque jour les lieux qu'elle fréquente depuis son enfance. Envers les gens, elle fait preuve d'une politesse excessivement travaillée, et une discussion prolongée dément bien vite l'impression de naïveté qui se dégage d'elle.

    ۞ Goûts vestimentaires : Pour contrebalancer l'excentricité de son maquillage de scène, elle opte pour des vêtements sobres et sombres, sans fioritures, qu'elle garde en toute occasion. Il s'agit généralement d'un long manteau de velours noir, sur des chemises et des pantalons de toile de la même teinte, associés à des bottes de cuir montantes à semelle très fine, qu'elle affectionne pour leur silence lorsqu'elles se déposent doucement, la nuit, sur les pavés froids et humides des rues de Belmonte.

    ۞ Signes particuliers : Cette manière si étrange de regarder les choses, comme si elle n'avait que cinq ans et ne connaissait rien du monde ; et ces cernes profondes qui apparaissent lorsque le maquillage s'évapore...

    ₪ INFORMATIONS PSYCHOLOGIQUES ₪


    ۞ Généralités : Anna est un monde de douceur, de politesse et d'espièglerie. Elle est attachante de la façon dont le serait une enfant, avec ce petit quelque chose en plus de si étrange, qui attire ou révulse. La jeune femme aime les gens et est toujours très heureuse d'être abordée, quel qu'en soit le but ou la manière. Elle a un don pour trouver le mot juste et percevoir les émotions des hommes et des femmes, ce qui fait d'elle une personne excessivement sociable... Si l'on supporte d'être toujours regardé comme une nouveauté. Elle ne sait pas elle-même pourquoi elle observe ainsi son environnement, comme si elle ne le connaissait pas et le découvrait à chaque seconde, et finalement elle s'en moque. Elle est curieuse de tout et fait attention au moindre détail, peut-être cela y est-il dû... Mais plus le temps passe, plus elle sent que l'image d'elle-même que lui renvoient les gens, l'image d'une femme étrange, lointaine et à la sensibilité pourtant si humaine, n'est pas si éloignée de sa réalité intérieure...
    Car sous les sourires, les pupilles claires, les politesses et le cristal des rires, se cachent une souffrance dont personne ne pourrait seulement se douter. C'est un gouffre, un gouffre béant et vagissant qui déchire l'esprit d'Anna Cassiope. La peur. La peur qui rampe. La peur qui rôde. Cette sensation infernale de n'avoir aucunes barrières à son imagination, qui se déverse sans entrave dans son sommeil. Anna ne peut presque plus dormir. Elle a si peur. Ses cauchemars ne sont rien de comparable, elle y souffre plus encore que dans le réel, y meurt violemment, et surtout y voit des choses horribles et insensées. Petit à petit, elle finit par se demander où est vraiment la réalité et où est vraiment le rêve. Anna a peur, mais elle lutte. Elle ne veut pas sombrer dans cette folie qui l'attire et menace à chaque instant de l'engloutir, cette paranoïa surnaturelle d'une malédiction qu'elle ne connait même pas.

    ۞ Vices : Bien qu'il s'agisse plus d'une addiction que d'un vice : le jeu et la magie, au sens des tours de passe-passe qui étaient son gagne pain jusqu'à ces dernières semaines. Elle ne peut pas passer une journée sans sortir un jeu de cartes ou quelques dés pour s'exercer encore, réviser les règles de la multitude de jeux de société de sa connaissance et maintenir telle quelle son impressionnante dextérité manuelle.

    ۞ Aime : Les cartes, les dès, de manière générale tous les éléments de ses tours de magie, sourire, être avec des gens, discuter, rire, être applaudie et congratulée. Se maquiller pour monter sur scène et ne pas se démaquiller pour redescendre ; l'odeur de la poudre et des fards. Déposer délicatement son masque sur son visage et le fixer derrière ses cheveux. Le vent, le bruit de la pluie sur le verre et la pierre. Le limoncello de Cesar, le chocolat, et beaucoup d'autres confiseries de ce genre. Anna aime les humains et le contact charnel, cependant elle n'a jamais été fondamentalement intéressée par le sexe.
    Elle est irrésistiblement attirée par tout ce qui touche à l'imaginaire, au sombre, au secret, à la psychologie... Et les chats aussi. Pourquoi, d'ailleurs ?

    ۞ N'aime pas : Avoir peur, encore et toujours peur, dormir. Ne pas dormir. Ne jamais dormir.

    ۞ Sociabilité : Anna fait preuve d'une très grande sociabilité. Elle aime les gens et, bien qu'ils ne paraissent pas tous s'en rendre compte (certains prenant son instinctif air surpris pour une insulte ou ne le supportant simplement pas), adore être entourée d'eux, leur parler, les écouter. Elle se sent tellement différente et à la fois semblable, de sorte qu'elle est incapable de concevoir des généralités ou des pré-jugés sur les personnes : elle les prend de la façon dont elles arrivent à elle, sans se fier à leur apparence ou à toute autre attitude extérieure.
    Rencontrer la jeune femme la nuit, chez elle, n'a néanmoins rien à voir. Lorsqu'elle est aux prises avec ses cauchemars, à demi dans le rêve, à demi dans la réalité, luttant contre cette peur qui lui tord les entrailles, elle devient violente et hystérique si quelqu'un lui parle ou la voit ; lorsqu'elle est seule, elle parvient tant bien que mal à se contenir et à garder la bouche close. Dans ce cas, seuls ses yeux écarquillés d'horreur peuvent traduire ce qu'elle voit ou ressent... Mais elle veille à ce que personne ne puisse la surprendre ainsi.

    ₪ HISTORIQUE ₪


    ۞ Passé :

    Infanzia
    Labyrinthe
    Anna n'a jamais su que Cassiope était en vérité son deuxième prénom. Sa mère mourut lors de l'accouchement, et l'infirmière conserva les deux mots expirés dans le dernier souffle de celle-ci, pensant qu'il s'agissait du prénom et du nom de famille de l'enfant. Le père était inconnu, et la défunte parente n'avait rien voulu dire à son sujet. On s'en tint là.
    Anna Cassiope Gato, née orpheline, ne semblait pas destinée à connaître ses origines ; tout jouait contre elle, le hasard comme les choix de ses aïeux. Elle fut donc élevée par un dénommé Cesar Abramo et sa femme stérile, Carola Abramo. Ils tenaient une auberge, faisant également office de café-théâtre, dans le centre de Belmonte, où il y avait de la place pour un nouveau-né ; l'endroit était animé, apprécié et toujours rempli, ainsi la jeune Anna fit-elle ses premiers pas sous le regard de dizaines de personnes qui applaudirent leur petite mascotte. Car Anna, dans ses premières années, avait véritablement été promue au rang de mascotte de l'auberge de Cesar, tous les clients l'adorant et souhaitant sans cesse la voir pour la cajoler. Ses grands yeux verts, papillonnant partout alentour comme pour chercher à immédiatement tout connaître du monde, faisaient craquer toute la population du café-théâtre, ce qui n'était pas pour déplaire aux Abramos, dont les recettes montèrent en flèche. Ils étaient cependant loin d'être de mauvais parents. Carola, qui n'avait jamais eu de peine plus grande que celle de sa stérilité, était toujours toute à l'enfant, attentive à ses moindres besoins et à son éducation formelle. Cesar, qui ne voulait que le bonheur de sa femme, s'était surpris lui-même en finissant par éprouver une véritable affection pour ce bébé qui n'était pas le sien, et se chargea de son éducation culturelle et intellectuelle.
    Dès qu'elle fut en âge de tenir des cartes, Cesar lui fourra un jeu dans les mains et entreprit de lui apprendre tout ce qu'il savait. La petite était très douée et elle faisait la fierté des Abramos, qui ne pouvaient se retenir de vanter sempiternellement ses mérites à leurs clients, moqueurs mais attendris. Anna était une enfant très calme et réfléchie, mais également excessivement curieuse. Elle cherchait toujours à tout savoir, sur tout le monde et tous les sujets, même ceux qu'elle ne pouvait pas encore comprendre. Lorsqu'elle eut huit ans, Cesar et Carola lui expliquèrent qu'ils n'étaient pas ses parents biologiques mais qu'ils l'aimaient quand même, autant voire plus que des parents ordinaires. Elle eut une passade de quelques jours où elle sembla lointaine, comme essayant d'appréhender ce concept qu'ils lui présentaient, restant à distance des gens et ne venant plus plaisanter avec les clients, ce qui manqua d'inquiéter ses parents adoptifs. Elle redevint cependant normale, paraissant avoir compris et accepté ce qu'ils lui avaient dit. Elle posa quelques questions sur ses "vrais" parents, auxquelles les Abramos, contrits, ne purent pas répondre. Mais la jeune Anna était intelligente, et elle cessa d'aborder le sujet. Définitivement. Ils crurent même qu'elle avait oublié, ou bien qu'elle ne voulait absolument pas y penser, mais la vérité était toute autre : elle y pensait chaque jour, et chaque jour se jurait qu'elle éluciderait le mystère de ses origines.
    Puis vint le jour où Cesar lui enseigna son premier tour de magie.




    Il ne s'était en fait agi que d'un tour de magie minime, que même les non-initiés pouvaient comprendre et les adultes faisaient semblant d'être époustouflés lorsqu'Anna le leur montrait. Pour elle, il fut néanmoins bien plus que cela, bien plus qu'un simple tour qu'on apprend à un enfant pour l'aider à se sentir bien et amuser ses parents, non, ce fut un véritable déclencheur. Anna avait onze ans, et les velléités d'apprendre cette magie factice dont elle fit la démonstration impressionnèrent autant les Abramos que leurs clients. La jeune fille était ordinairement curieuse, mais pas à ce point : elle en arriva à vouloir cesser de dormir pour pouvoir s'entraîner et apprendre de nouveaux tours pendant la nuit afin de les représenter le lendemain. Bientôt, Cesar ne connut plus assez de tours de passe-passe et il fallut embaucher un magicien professionnel pour donner des cours particuliers à Anna. Celle-ci, plus que ravie, produisait tous les efforts du monde pour être à la hauteur et apprendre le plus vite possible : son but était de devenir une très grande magicienne, la plus jeune de tout Belmonte. Ce projet légèrement dithyrambique amusa les clients, mais Carola sentit que cela n'était pas qu'une passion passagère ou qu'un rêve sans substance de petite fille, elle pressentait que ce qu'Anna voulait devenir, elle le deviendrait. Elle le ressentait au plus profond de sa chair, de ses os. Carola fut la première à percevoir qu'Anna n'était pas une enfant ordinaire.

    A quinze ans, Anna monta pour la première fois sur la petite scène du café-théâtre de ceux qu'elle considérait comme ses parents. Les clients avaient hâte de la voir, leur petite Anna Abramo qui devenait doucement grande, mais ils l'attendaient comme ils avaient jadis attendu la petite fille curieuse et fière de ses quelques tours de pacotille. Dire qu'elle les surprit est un euphémisme. Beaucoup d'entre eux, Cesar et Carola compris, ne la reconnurent tout simplement pas. Elle avait maquillé yeux ses yeux de jaune et tiré quatre traits en dégradés de bleus, relevé ses pommettes et ses lèvres d'un rouge tranchant ; revêtu une très longue cape noire à manches trois quart révélant ses avants-bras de craie. Mais, plus que cela, la magie dont elle usait désormais paraissait véritablement réelle. Les cartes, les balles, les foulards et les ficelles virevoltaient entre ses doigts comme autant d'esprits malicieux avec qui la jeune fille aurait pactisé ; même son tuteur le magicien ne parvenait plus à suivre ses mouvements et se laissait prendre au jeu. Ce soir là, l'auberge retentit d'un tonnerre d'applaudissements qu'elle n'avait encore jamais connu.
    Le magicien, désormais inutile puisque l'élève avait manifestement dépassé le maître, fut renvoyé cordialement, Anna promettant de l'inviter à tous ses futurs spectacles. L'adolescente se mit alors à inventer, inventer et inventer encore, inventer sans cesse de nouveaux tours, encore plus impressionnants que ceux qu'elle avait fait, et que ceux qui se faisaient par les autres magiciens de Belmonte (elle lisait énormément et allait à toutes les représentations de magie qu'elle connaissait, pour s'inspirer et rester à la pointe de ce qui se faisait en prestidigitation).
    A dix-sept ans, elle s'était déjà fait un nom respecté et reconnu dans le milieux du spectacle de la ville, et de nombreux théâtres lui proposaient leur scène pour se représenter. Elle gagnait chaque nuit un peu plus de notoriété, sous les yeux fiers et ébahis de Cesar et Carola. Puis, un soir, quelque chose arriva.




    Cela arriva alors qu'elle s'exerçait à un tour consistant à faire disparaitre des cartes pour qu'elles réapparaissent tachées d'encre : en parlant au spectateur, on détournait son attention et pouvait faire glisser les cartes propres hors de vue tout en matérialisant les cartes tachées. Comme d'habitude, elle manipula les cartes, les mélangea, prit son paquet, en sortit quatre -deux dans chaque main-, commença son petit discours de prestidigitatrice, fit glisser les cartes, claqua des doigts, fit apparaître les cartes tachées de sang. De sang ? Un battement de cils, le sang était redevenu l'encre qu'il aurait toujours dû être. Anna crut d'abord à une hallucination. Cependant elle avait effectivement pensé, juste avant, remplacer l'encre par du sang pour impressionner plus encore, mais cela aurait risqué de choquer les plus jeunes et elle avait écarté l'idée. Oui, mais elle y avait songé si fort... Juste comme ça, pour voir, simplement pour voir, seulement pour voir, elle réessaya. Le problème, c'est que cela marcha. La fois suivante également. Et toutes les autres.
    Anna n'en parla pas. Elle n'avait alors que dix-huit ans, et préféra garder tout cela pour elle. Nonobstant, elle continua d'essayer, juste comme ça, dans sa chambre. Et bientôt, juste comme ça, elle voulut tenter un autre tour... Où la magie serait réelle. Et elle y parvint. Très vite, elle remplaça les nombres de ses dès, changea la couleur de ses foulards, multiplia ses balles. Ce n'était jamais que de petites illusions -oui, ce fut là qu'elle employa pour la première fois ce mot- qu'elle n'arrivait pas à étendre à plus de quelques objets, et qui s'effaçaient en quelques secondes ou au moindre contact charnel, mais elle imaginait toutes les choses grandioses qu'elle pourrait faire avec ce don. Sans aucun doute et sans aucune concurrence, elle deviendrait la meilleure magicienne de Belmonte. Parce qu'elle serait la seule véritable.

    Pendant de longues semaines où son activité théâtrale atteint presque le zéro absolu, elle tergiversa, se posa toute sorte de questions existentielles, sur l'éthique, le respect, la morale et toutes ces sortes de choses. Devait-elle accepter de trahir ses camarades, de les surpasser sans leur laisser une chance ? Pourrait-elle encore se regarder dans un miroir si elle trichait ? Oui, mais d'un autre côté, la magie était de toute façon une vaste tricherie. Oui, mais c'était bien là la base de la magie, une tricherie annoncée qui devait être la plus immense et la plus indécelable possible. C'était ça, la magie. Alors elle convint avec elle-même qu'elle ne se servirait pas de ses dons pour se hisser en haut du podium ; si elle devait y parvenir, ce serait par ses propres moyens. Néanmoins, elle ne put pas abandonner complètement ces capacités fascinantes et terrifiantes dont elle était la détentrice. Il lui fallait les exercer, les essayer quelque part. Elle trouva.
    Dans les bas-fonds de Belmonte, beaucoup de bars présentaient des concours de jeux de cartes ou de dès, où les participants misaient de l'argent et où le gagnant remportait de quoi achetait un palais tandis que les autres repartaient ruinés. C'était un univers où les hommes n'avaient pas de dignité et pipaient leurs dès tous les soirs pour remporter le pactole. Le monde du jeu. Elle y passerait inaperçue. Anna y pénétra avec beaucoup d'appréhension, mais également beaucoup de hâte. Au début, ses illusions étaient trop courtes pour parvenir à faire croire à autre chose qu'à un miroitement suspect de la lumière sur la couleur de cette carte ou le numéro de ce dès ; de plus elle ne pouvait les faire apparaître qu'à une seule personne à la fois. Ainsi, elle commença par perdre, perdre beaucoup trop, au point qu'elle manqua de couler l'auberge des Abramos. Mais Carola, plus que Cesar, lui fit confiance, et elle eut raison. En quelques semaines, Anna maîtrisa toutes les subtilités des jeux de cartes et de dès, et parvint à faire tenir ses illusions des minutes entières à quelques personnes si elles ne se concentraient pas trop et étaient très près d'elle. Et elle se mit à gagner de l'argent ; énormément d'argent. Le café-théâtre put être entièrement rénové, elle loua un appartement dans le centre de Belmonte, connut ses premières relations amoureuses. De tout cet or, elle ne se servit jamais à des fins strictement personnelles : elle aidait ses parents, ses amis dans le besoin, finançait les jeunes magiciens prometteurs qu'elle appréciait. Elle fût bientôt, cependant, lasse de jouer, et elle quitta les salles obscures emplies de fumée pour retrouver uniquement les planches, la lourde couche de maquillage et les applaudissements. Mais elle ne laissa pas l'Illusion.
    Elle avait dix-neuf ans lorsqu'elle fit son premier cauchemar.



    Incubi
    Horreur
    Noir. Noir partout. Une forêt, une immense forêt, glaciale. Sombre. Nuit. Nuit noire. Loin, très loin, un manoir. Pas de lune. Pas de lumière. Le froid, la pluie visqueuse. La boue, le bruit du vent sifflant dans les feuilles des arbres. Le froid mordant. Il faut bouger. Pas rester ici. Se lever. Sentir des vêtements inconnus, commencer à marcher sur ce sentier trop étroit dans cette nuit trop noire, ce vent trop gelé et ces arbres trop menaçants. Monter encore, ne pas regarder à droite, ne pas regarder à gauche. Il y a des choses dans le noir, des choses qui bougent et qui se cachent les ombres, et qui observent, et qui attendent. Avancer, pas regarder. Se fixer sur le manoir là haut, très loin là haut. Bottes qui crissent qui glissent qui crissent qui dérapent. Ne pas faire attention aux bruits qui ressemblent à des mastications, à des tintements métalliques de chaînes. Avancer encore. Essuyer la boue et la pluie sur le visage. Entendre passer les heures interminables dans ce froid interminable et cette peur interminable. Douleur dans les jambes, le sentier monte très haut, très haut dans la nuit vers le manoir. Déboucher brusquement sur celui-ci, alors qu'il était si loin la seconde précédente, trouver un sol plat alors que le chemin montait. Il y a une porte ouverte à l'arrière sinon tout est barricadé. Peur. Il n'y a
    toujours
    pas
    de
    lumière.
    Il y a des bruits derrière il ne faut pas se retourner pas se retourner pas se retourner avancer. Entrer dans le manoir.
    C'est un couloir, un long couloir sombre et noir au papier peint écaillé ça semble très très vieux, abandonné depuis des siècles. Avancer. Il n'y a pas de portes au couloir on en voit pas la fin. Il y a une porte à droite. Poser la main sur la poignée ne pas trembler il ne faut pas trembler. A gauche là tout près, si près, trop près, il y a une goutte qui sort du sol et qui file vers le plafond. Ca goutte à l'envers, c'est du sang bien sûr c'est du sang. Ouvrir la porte les murs bougent c'est sûr c'est vraiment sûr il n'y a pas de doute les murs bougent et se tordent. Derrière la porte il n'y a rien, il y a un mur, il y a des briques, maintenant il y a une pièce sombre. Il y a une cheminée sans feu, une table, un fauteuil. Un fauteuil retourné avec un très haut dossier. Mais il y a une main sur l'accoudoir, une petite main blanche une main d'enfant une main de morte. Avancer, oui il faut il faut, la peur déchire le ventre mais il faut. Contourner le fauteuil. Voir. C'est une petite fille
    une petite fille
    une petite fille avec de très longs cheveux noirs avec la peau très blanche
    une petite qui n'a pas de mâchoire.
    Une petite fille qui regarde dans les yeux qui se lève qui avance il faut fuir courir. Ressortir de la pièce, le sang qui goutte à l'envers se déverse maintenant en torrent, c'est rouge partout non c'est noir il n'y
    a
    pas
    de
    lumière
    il faut courir, courir le long du couloir qui est très long, trop long beaucoup plus que dans l'autre sens. Tiens maintenant il y a un vestibule avant la sortie, en fait c'est une cuisine peut-être c'est une cuisine avec du sang des couteaux ah il y a quelqu'un de très grand derrière contre le mur dans l'ombre avec des yeux qui brillent il ne faut pas s'arrêter ne pas regarder. Entendre les petits pas de la petite fille qui clopine derrière mais qui ne se laisse pas distancer, elle prend un couteau de boucher sur la table oui c'est sûr il faut courir maintenant pas regarder pas regarder. Déboucher dehors il fait toujours aussi froid non encore plus, courir courir courir, entrer dans la forêt les petits pas clopinent toujours derrière trop près, courir plus vite. Lever la tête oh non non non pitié dans les arbres
    il y a
    des
    des
    deschaînesquipendent
    des chaînes avec des morts au bout qui se balancent il n'y a toujours pas de lumière mais du sang du noir par pitié par pitié elle rit c'est elle c'est lapetitefillesansmâchoire qui rit comme ça c'est sûr il faut courir LAISSEZ-MOI il faut courir il faut fuir il faut courir il faut...


    Le cri que poussa Anna lorsqu'elle se réveilla en sursaut cette nuit-là déchira le sommeil de tous les habitants du quartier.
    Ce fut le premier des cauchemars qui vinrent désormais hanter Anna Cassiope Gato chaque nuit. Ils étaient toujours semblables et différents, tous plus terrifiant les uns que les autres. Ce n'était pas une peur descriptible, c'était la peur qui rend fou, la peur des fous. Il n'y avait pas d'accoutumance. C'était toujours aussi horrible, elle ne pouvait toujours pas dormir convenablement. Et bientôt elle ne dormit presque plus, seulement les quelques heures qui lui permettaient de ne pas mourir, pendant lesquelles ses cauchemars, comme frustrés, redoublaient de violence. Elle ne fit pas le lien entre l'Illusion -qu'elle continuait d'exercer, la percevant comme une échappatoire, un monde heureux face à toutes ses horreurs qui ne pouvaient plus sortir de sa tête- et les cauchemars, ceux-ci étant arrivés beaucoup plus tard. Elle semblait encore plus étonnée qu'auparavant lorsqu'elle regardait les choses et les gens. Elle ne savait plus si elle était vraiment dans la réalité, ses rêves étaient si réels et poignants qu'elle se demandait si, en fait, en s'endormant ici elle ne se réveillait pas dans la véritable réalité. Elle apprit à cacher les cernes sous le maquillage. Anna finit par entrer dans un état de demie-conscience perpétuelle, un éveil à la limite du sommeil. Un soir, elle crut entendre avec la pire des horreurs un bruit de petits pas, et un rire de petite fille s'éloignant dans une rue parallèle. Elle n'alla pas voir.

    Ce fut par hasard qu'elle entendit, alors qu'elle descendait de scène, deux spectateurs parler entre eux du Sangue Nobile. Intriguée, et sachant pertinemment qu'elle serait toujours bien reçue, elle s'assit à leur table et prit part à la conversation. Ils lui expliquèrent ce qu'ils savaient (pas grand chose) de cette étrange rumeur sur les nobles de Belmonte, ces pouvoirs bizarres répartis en famille qu'ils seraient capables d'utiliser. Cette fois, Anna fit le lien. Il devait forcément exister une famille qui avait les mêmes capacités qu'elle, c'était obligé. Elle en fit son espoir ultime, sa quête philosophique à quoi elle se raccrochait lorsque les cauchemars revenaient. Elle faillit devenir folle, tint bon grâce à l'aide de Cesar et Carola, à qui elle n'avait rien dit mais qui semblaient avoir compris que quelque chose n'allait pas.
    Elle eut enfin l'idée. Aller chez les nobles, devenir servante ou n'importe quoi d'autre, mais s'approcher d'eux et en apprendre plus. Chaque nuit, cela était un peu plus vital.

    Elle chercha à en savoir plus sur ces mystérieux nobles ; car pour aller chez eux il lui faudrait ôter le maquillage, et elle ne pouvait se permettre de montrer ces cernes terrifiantes qui la discréditeraient tout de suite. Parmi toutes celles dont elle entendit parler, ce fut celle des Corvo qui, instinctivement, l'attira le plus. Elle se dégota un masque à bec qui lui couvrirait le haut du visage, délaissa le nom d'Abramo pour reprendre celui de Cassiope, et dit au revoir à ses parents. Elle obtint un rendez-vous avec un des Corvo, fixé dans quelques jours.

    Il fallait qu'elle y aille. Son équilibre mental ne tenait plus qu'à un fil, il fallait qu'elle trouve une solution.
    Echapper à tous ces cauchemars.


    ۞ Famille : Cesar et Carola Abramo, ses parents adoptifs. Les autres, elle les cherche encore.

    ₪ ET VOUS ALORS ? ₪


    ۞ Comment avez vous découvert le forum? I used to be some kind of punk electric sheep with a big gun study
    ۞ Que pensez vous de ce dernier? Aussi laid que l'ancien ! Une honte !
    ۞ Comment définiriez vous votre niveau RP? Je dirais "agréable"
    ۞ Quelle sera votre fréquence de passage? Passage tous les jours, post au minimum une fois par semaine.


Dernière édition par Anna Cassiope Gato le Jeu 21 Oct - 18:14, édité 1 fois
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Ludovico III Leone

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Anna Cassiope _
MessageSujet: Re: Anna Cassiope   Anna Cassiope Icon_minitimeJeu 21 Oct - 18:12

Une fiche exceptionnelle, tout simplement.

pas que pour la mise en page, ton personnage est absolument génial, tu as une écriture très fine, une très belle plume. Tu as songé à écrire? Tu as vraiment beaucoup de talent littéraire. L'histoire m'a beaucoup plus, et la présentation est originale et intéressante!

Je te valide donc, avec mention, je suis fan.
Bienvenue à Belmonte, belle enfant.
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Anna Cassiope _
MessageSujet: Re: Anna Cassiope   Anna Cassiope Icon_minitimeJeu 21 Oct - 18:30

Oh fioouuu... Vraiment, merci beaucoup !
J'ai songé à écrire oui... Pour l'instant cela reste un projet, mais je le garde bien au chaud =)

Un très très grand merci, ton commentaire m'a vraiment touchée !
EDIT : et d'ailleurs, j'ai adoré ta fiche aussi, vraiment.
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Ludovico III Leone

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MessageSujet: Re: Anna Cassiope   Anna Cassiope Icon_minitimeJeu 21 Oct - 18:56

Merci, contente si tu as aimé ma fiche. <3

Tu as vraiment une belle plume, tu sais faire vivre tes personnages. Bon je vais éviter de pêcher par excès de compliments, et te souhaite un très bon jeu en notre compagnie, Signora Gato~
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Anna Cassiope _
MessageSujet: Re: Anna Cassiope   Anna Cassiope Icon_minitime

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