₪ HISTORIQUE ₪
۞ Passé :- Spoiler:
"Il y'a fort longtemps, lorsque Bulluno étant encore gouvernée par les Patronus, une famille se détâcha du lot et devint le bras droit de ces illustres souverain. Leur nom était Aquila et ils étaient fiers de pouvoir servir leur maître. Puis, un jour le chef de cette famille acquis d'étranges pouvoirs, des pouvoirs augmentant sa perception des sens et de l'univers qui l'entourait. Pouvant même lire dans l'avenir et se projeter hors de son corps. Etranges pouvoirs qui venaient d'il ne savait où. Un pouvoir puissant qu'il transmis aux générations futur par son sang. Mais le sang dilue autant que l'eau et il en fut de même pour ces pouvoirs qui perdirent un peu en puissance. Et malgré les efforts des Aquila pour garder un sang pur, plus jamais ils ne purent l'avenir aussi facilement que leur ancêtre, ils devinrent fou pour certains et ce qu'il croyait être l'avenir n'était que des illusions créées par leur esprit malade.
Pourtant, il est dit qu'un jour viendra où le sang des Aquila se purifiera de nouveau. Ce jour là sera celui de la naissance du plus pure des Aigles. Le Vero Augurio. Ce sera un homme capable de lire l'avenir comme personne, de lire dans les esprits les plus réfractaires et voir le monde d'un autre regard. Un sang pur que rien ne pourra atteindre. Ce jour là sera celui où les Aquila sortiront leur tête de l'eau et pourront s'élever au-dessus des Leone, usurpateurs du trône des Patronus... "La voix de la femme se tut dans un souffle alors que dans son giron son petit garçon serrait les draps de son lit, tentant vainement de rester éveillé sous la lumière blafarde de la chandelle qui créait des ombres folles sur les murs de sa chambre.
"Mère... ? Est-ce que le Vero Augurio existe vraiment ?" murmura la voix fatiguée de l'enfant aux cheveux noirs de geais.
"C'est une légende que certains espèrent vraie," chuchotta la femme en posant une main maternelle sur la tête de son enfant tandis que l'autre carressait son ventre bien rond.
"Allez Fausto, il est temps pour vous de dormir... demain sera un autre jour," conclut-elle en se penchant pour embrasser son premier fils.
"Père et Oncle Marciano disent que je pourrais être le Vero Augurio..." fit l'enfant à moitié endormi, les yeux clos et le souffle déjà lent.
"Est-ce vrai ?""Votre père est un rêveur mon fils..." répondit la femme en carressant les épais cheveux noirs,
"Mais il est vrai qu'il y'a des chances pour que vous le soyez...""Pourquoi ?""Parce que rares sont les enfants de votre âge qui peuvent utiliser aussi facilement leurs pouvoirs..." elle se leva en tenant son ventre et se dirigea vers la porte de la chambre avant de l'ouvrir lentement.
"Mais même les Vero Augurio ont besoin de dormir Fausto surtout à votre âge, alors cessez de parler et dormez à présent mon fils," La porte se referma sans un bruit, laissant Fausto Anacleto Maurizio Aquila à ses rêves de grandeur. Pendant ce temps là, Augusta Maddalena Isotta Aquila se rendit dans sa propre chambre rejoindre son époux, marchant avec difficulté, le poid de son nouvel enfant alourdissant ses pas nobles. Le sang de ces enfants était le plus pur de toute la famille songea-t-elle en carressant son ventre. Fausto était-il réellement le Vero Augurio ? Et cet enfant à naître ? Le serait-il ? Etrange rêve issu d'une étrange légende passée de génération en génération dans leur branche. Rejoignant son époux, elle alla se blottir dans ses bras, priant au fond d'elle-même que jamais l'un de ses enfants ne soit cet être onirique. Car la légende stipule à la fin que jamais un Vero Augurio ne pourra être sain d'esprit. Un sang trop pur amène trop de trouble, un pouvoir trop grand amène trop d'hallucinations...
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Un grand cri emplit la chambre d'Augusta Aquila, un hurlement féroce alors que les servantes et la sage-femme bourdonnaient autour d'elle telle les ouvrières de la reine des abeilles. De l'autre côté de la porte Fausto se tenait droit et stoïque aux côtés de son père malgrés la terreur qui l'habitait. Pourquoi sa mère hurlait-elle comme si on l'éventrait ? Il voulait aller la rejoindre mais il n'osait faire le moindre mouvement alors que son père gardait son regard fixe et dur sur la porte, tendu lui aussi.
"Ne vous en faites pas mon fils, votre mère est forte..." commenta simplement l'imposant juge en posant sa main sur l'épaule de son petit garçon.
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Un nouveau cri se fit entendre dans l'immense pièce. Un cri aigue que jamais Fausto n'avait entendu. La main sur son épaule trembla d'excitation et il vit son père se précipiter vers la porte, laissant le petit garçon derrière lui. Un enfant qui timidement passa la porte de la chambre avant de reculer en voyant le sang maculer les draps. Sa mère était-elle morte ? Les larmes mouillèrent ses yeux bleus avant que son père ne l'apostrophe.
"Fausto ! Que faites-vous voyons ?! Venez saluer votre petit frère et féliciter votre mère !"Et, s'approchant doucement, il rencontra pour la première fois de sa vie... Luciano Vittorio Baldovino, son frère. Un enfant frippé et laid qui braillait fort. Pourtant personne ne le grondait et tout le monde souriait en le voyant faire alors que lui on le disputait quand il parlait trop fort. Augusta tint son nouveau né tout contre son coeur, fermant ses yeux avec un doux sourires aux lèvres, surprenant son fils qui ne l'avait jamais vu les yeux clos. La curiosité le fit s'approcher un peu plus et il fixa cette étrange chose qui soudain s'était calmée. Fausto tendis sa main timide et toucha du bout du doigt le pied minuscule de son frère. Luciano.
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Luciano fut ainsi donc le second né de cette branche de la famille Aquila. Un enfant au sourire et au rire facile. De six ans le cadet du premier fils de la fratrie : Fausto. Des enfants que beaucoup de choses opposaient sauf les jeux. Des jeux qu'ils partageaient souvent dans l'aile du Pallazo Aquila qu'ils habitaient. Mais la grande différence entre ces deux enfants était leur pouvoirs respectif. Fausto n'était pas un génie mais il travaillait durement pour maîtriser ses dons. Durant toute son enfance on avait dit à ce petit garçon qu'il se pouvait qu'il soit le Vero Augurio et il s'était acharné pour prouver au monde qu'il pouvait l'être, fier de montrer ce qu'il savait faire à son petit frère qui le regardait avec admiration. Un petit frère qui n'était même pas capable de faire la moitié de ce que faisait son aîné.
"Voyons Luciano ! Prenez exemple sur votre frère ! A votre âge il savait déjà voir plus loin que cette misérable distance !" gronda Asdrubale Benedetto Mirone Aquila, juge de Belmonte et père de ces deux enfants.
Mais tout ce que fit Luciano, ce fut de baisser la tête et de s'excuser en faisant la moue, essayant de cacher sa colère. Mais son père, contrairement à lui, savait utiliser ses pouvoirs et il voyait bien que son second fils était réfractaire à ses leçons. Alors l'homme parti en pestant, laissant Luciano seul dans la pièce.
Le garçon se mit à bouder, purement et simplement en croisant les bras. Il n'y en avait jamais que pour Fausto. Soit-disant parce qu'il était le Vero Augurio. Donnant un coup de pied dans le vide, l'enfant renifla. Il ne serait jamais aussi fort que Fausto. Allant vers la fenêtre, l'enfant se hissa sur une chaise et regarda en direction du jardin. Se concentrant, il observa son frère en train de sourire à leur mère. Une moue jalouse se dessina sur le visage de l'enfant alors que leur père se dirigeait vers eux. Il pouvait voir les rides de colère du juge se dissiper alors que Fausto se tournait vers l'homme. Les poings et la mâchoire serrés, Luciano retint ses larmes. Jamais leur père ne le regardait de cette façons. Il n'était vraiment qu'un bon à rien comparé à Fausto. La vue du garçon se brouilla alors que des couleurs enveloppèrent les formes de sa famille. Des couleurs chaudes et douces. Mais Luciano n'y prêta pas attention, reculant de la fenêtre pour allez pleurer dans un coin. Ses parents ne l'aimaient pas, il en était persuadé. Ils devaient le voir comme un boulet.
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"Luciano Vittorio Baldovino Aquila ! !" gronda sévèrement Asdrubale en fixant le jeune garçon qui garda la tête baissée, le visage colérique.
"Retirez immédiatement ce que vous venez de dire !" gronda une nouvelle fois son père alors que sa mère se tenait le ventre, un air peiné sur le visage, tandis que son frère avait un air outré et surpris sur le visage.
"Non, je refuse d'approcher cette chose répugnante !" répéta Luciano en pointant le ventre de sa mère qui se mit cette fois à pleurer.
La gifle tomba durement sur la joue du garçon de tout juste sept ans dont les larmes se mirent à couler immédiatement. Une deuxième brûla sa deuxième joue et un goût de fer se répandit dans la bouche de l'enfant. Une troisième serait tombée sur les mains douces de sa mère ne l'avaient pas saisit pour le forcer à se blottir contre elle, retenant ainsi la main du juge qui serra les dents.
"Pourquoi Lucci ? Pourquoi détestez-vous l'idée d'avoir un frère ou une soeur ?" pleura la femme en tentant de garder son fils contre elle malgrés tout ce qu'il faisait pour essayer d'échapper à l'emprise de sa mère.
"J'en veux pas ! C'est tout ! Je veux pas ! Je veux pas ! !" Avec peine, il se retira du giron de sa mère et s'enfuit en direction du jardin pour se cacher au sommet d'un arbre. Le souffle court et les larmes aux yeux, il prit sa tête entre ses mains et tenta de se secouer. Il pouvait voir tellement de choses, pourquoi est-ce qu'il voyait ces choses ? Fausto n'avait pas autant de visions, ce n'était pas juste ! Il avait peur, peur de tout. Peur de ce futur enfant. Il n'en voulait pas. Parce qu'il avait rêvé que sa mère pleurerait et souffrirait. Il avait appris que les rêves n'étaient que des rêves, mais il ne pouvait s'empêcher de pleurer et de le détester en y pensant.
"T'es qu'un idiot Luciano !" fit une voix dure sous lui qui fit se tendre l'enfant.
"Tu as fait pleurer mère !" Le petit garçon se braqua immédiatement alors que Fausto le rejoignait dans l'arbre, le regard dur.
"Père est très mécontent ! Il faut que tu aille t'excuser !"La tête basse et une moue sur le visage, Luciano garda le silence, retenant ses mots. Il détestait Fausto. Toujours à lui faire la leçon, toujours à lui dire ce qu'il devait faire. Tout ça parce qu'il était si parfait. Il le détestait. Et pourtant il renifla finalement et tourna son regard fixe vers son frère, se voyant soudainement de par les yeux de son aîné. Il était pittoyable. Il se prit la tête dans les mains et secoua sa chevelure épaisse.
"Arrête de me fixer comme ça ! Regarde ailleurs !" ..........
La lourde porte de la chambre s'ouvrit lentement, laissant passer le jeune garçon aux cheveux noirs. Dans le lit qui lui avait toujours parut si grand il pouvait voir la forme secouée de sanglot de sa mère. S'approchant doucement, sans faire de bruit, il brava l'interdis de déranger sa chère mère et alla poser une main inquiète sur les draps soyeux.
"Mère..." murmura tout bas l'enfant.
Il n'avait pas voulu la voir pleurer, il n'avait pas voulu pleurer. Pourtant les larmes glissaient le long de ses joues pâles. Le nouveau né était déjà mort depuis une semaine, cette enfant qui n'avait pas vécut plus de trois heures avant de suffoquer. Une petite fille qui n'avait porté le nom des Aquila que quelques heures à peine.
"C'est de votre faute..." fit la voix enrouée de douleur de la femme.
Luciano retira sa main et baissa la tête. Oui c'était sans doute de sa faute. Elle avait peut-être raison, ça ne serait sans doute jamais arrivé s'il n'avait pas été là, s'il n'avait pas hurlé qu'il ne voulait pas de cette soeur.
"Je suis désolé..." chuchotta-t-il tout bas avant de quitter la pièce.
Tout le monde devait le haïr à présent. Cette idée lui fit mal. Lui qui n'était déjà pas très doué, lui qui était incapable d'utiliser ses pouvoirs correctement, qui avait sans cesses des visions hallucinatoires. Heurtant le berceau du coude il eut une vision de cette fameuse journée une semaine plus tôt. Il vit sa soeur se mettre à bleuir en essayant désespérément de respirer. La nausée saisit l'enfant qui s'enfuit dans sa chambre pour se cacher. Tout était de sa faute. Il en était persuadé.
Ce fut à cette époque que sa paranoïa débuta réellement. Luciano était persuadé que tout le monde le haïssait et lui en voulait pour la mort de cette enfant. Et même lorsque son père tenta de lui faire prendre raison, il ne le crut pas, et encore moins lorsque l'homme tenta de le réconforter dans ses bras. Ce n'était qu'une habile manoeuvre pour le manipuler, il en était certain, son père n'avait jamais eu de gestes aussi tendre pour lui. Son père ne l'aimait pas, il en était persuadé...
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"Luciano !" fit la voix sévère de son frère alors qu'il était occupé à ne rien faire dans sa chambre.
"N... ne m'approche pas ! Reste où tu es !" fit l'adolescent en se retirant dans un coin, gardant son regard paniqué et fixe sur son frère qui garda son calme et croisa ses bras sur son torse.
"Espèce de bon à rien..." cracha Fausto en voyant l'état de la chambre de son petit frère.
"Même pas capable de juste faire ranger ta chambre ? Tu ne sers vraiment à rien..." "D... désolé.." fit le jeune homme en baissant la tête.
"Dire que je dois te marier... je plains ta future femme..." maugréa Fausto en mettant ses mains sur ses hanches.
"Q... Quoi ?!" Luciano redressa subitement la tête et fixa son frère avec stupeur.
"N... Non ! Je refuse ! Pourquoi je devrais ?! Tu veux mieux me surveiller c'est ça ?! Tu veux avoir la main mise sur moi ?! Je ne me laisserais pas faire ! Je sais bien que tu me hais ! Tu refuse de me laisser en paix ! Avoue !" Fausto serra les dents. Luciano était dangeureux. Il savait déjà ce qu'il voulait faire. Heureusement il n'en était que partiellement conscient. Serrant les poings, l'actuel chef de la famille Aquila retint ses envies de meurtres. Car il détestait réellement Luciano. Car il était le vrai Vero Augurio. Il l'avait découvert par hasard en écoutant ses délires un soir. Cette vision qu'il avait eu, ces visions qu'il ne cessait d'avoir. Il pouvait voir l'avenir, il pouvait lire dans l'âme des objets et des gens. Il pouvait voir ce qui n'était pas là. Tout cela à un niveau que même lui, en tant que chef de famille, était incapable d'avoir. Dire qu'il avait travaillé tellement dur pour cela, ce n'était pas juste. Il voulait le tuer, le tuer purement et simplement. Malheureusement, il ne se présenterait pas de nouveau Vero Augurio avant de nombreuses générations. Il ne pouvait tuer Luciano, pour ça et aussi parce qu'il restait son frère.
"Je suis le chef de la famille Aquila," rappella soudainement Fausto d'une voix grave,
"Tu te mariera avec qui je le déciderais, quand je le déciderais ! Pour le bien de notre famille ! Tu dois perpétuer notre sang !" Ces arguments ne pouvaient que faire mouche dans l'esprit de Luciano qui, bien qu'atteind de grave paranoïa, restait un homme de principe et de règle. Il ne désobéirais jamais au chef de famille et il ne pouvait aller à l'encontre des principes de leur famille. Luciano était fou, mais il était juste et droit. D'ailleurs l'adolescent baissa les bras et la tête, le visage soumis. Il abandonnait déjà la partie, il ne savait pas se battre, il était trop faible pour cela.
"Bien... je ferais selon vos désirs..." murmura Luciano.
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"Luciano..." soupira Julietta Arabella Rosalia en rajustant sa chemise de nuit.
"Sortez de ma chambre maintenant," gronda l'adolescent en se rhabillant lui aussi.
"Nous sommes mariés à présent, c'est donc aussi ma chambre," remarqua la femme en glissant une main fine dans ses long cheveux bruns.
Luciano trembla à cette idée. Coucher avec cette femme ne lui avait-elle donc pas suffit ? Il devait aussi partager sa couche ? Il n'y arriverait pas. Ramenant ses draps contre son corps trop fin, le jeune marié fit la moue et regarda d'un oeil torve celle qui était désormais sa femme. Une femme qu'il avait souvent côtoyé étant enfant, sa cousine. Elle était belle, c'était un fait. Mais il ne supportait pas l'idée de partager sa vie avec elle.
"Sortez !" Intima l'adolescent en pointant la porte du doigt.
"Avoir couché avec moi ne vous a-t-il pas suffit pour la nuit ? Laissez-moi en paix !""Couché ?" répéta Julietta d'un ton sec et ironique.
"J'ai été pénétré par un tas de viande molle oui..." remarqua-t-elle sèchement avant de quitter la pièce d'un pas altier, claquant la porte derrière elle.
S'adossant au bois de l'entrée de ce qui était censé être ses nouveaux appartements, Julietta mis une main devant son visage. Pourquoi devait-elle donc partager la vie de ce fou paranoïaque ? Soit-disant parce qu'il était le Vero Augurio d'après Fausto et qu'il fallait le protéger de lui-même et des autres. Elle était membre des forces spéciales de la milice, pas une nourrice ! Rien que de repenser à l'acte charnel qu'elle venait d'avoir avec cet adolescent, elle en eut un frisson de dégoût. Il avait à peine fait quelques efforts pour la satisfaire et elle avait dû lutter pour le faire éjaculer. Perpétuer le sang... mon oeil ! Fausto se vengeait juste du fait qu'elle l'ai jeté dans la lagune quand ils étaient petit, elle en était persuadée.
"Signora Julietta ?" fit une voix enfantine au bout du couloir.
"Ah... Apollodoro..." remarqua Julietta en s'avançant, rajustant sa tenue.
"Vous n'êtes pas avec mon frère ?" demanda celui qui n'était encore qu'un enfant. Un enfant miracle, qui naquit un an après le drame qui avait fait plonger Luciano dans la paranoïa.
"Votre frère était épuisé de la cérémonie du mariage, il doit dormir à présent... et j'avais envie de prendre l'air..." "Apollodoro !" appella une voix forte au bout du couloir.
"Vous devriez être dans votre lit !" gronda la même voix.
"Oui mère !" fit l'enfant en rougissant de s'être fait prendre avant de courir en direction de sa propre chambre alors que sa mère se dirigeait vers eux.
"Julietta..." murmura Augusta en plaçant ses mains devant elle.
"Mère..." salua la femme en s'inclinant respectueusement.
"Mon fils n'est pas facile à vivre... j'espère que vous pourrez prendre soin de lui... Je crois que Fausto voulait simplement que quelqu'un s'occupe un peu de lui... il est tellement faible. Fausto ne le montre pas, mais je suis sûre qu'il est inquiet..." "Je ferais de mon mieux chère Mère..." répondit simplement Julietta.
Tout le monde était persuadé que la seule raison de ce mariage était de caser cet incapable de Luciano pour le ranger dans un coin. Dire que sa propre mère n'était pas au courant de sa véritable nature. Mais Julietta ne raconta rien, car elle avait reçu l'ordre de garder tout cela secret. Sa mission était de protéger son époux...
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Un hurlement remplis la chambre de Luciano. Ce dernier restait pourtant droit et stoïque dans l'anti-chambre, fixant un point dans le mur. Il n'était plus l'adolescent de seize ans que l'on avait forcé à épouser une femme de quatre ans son aînée. Il était à présent un jeune homme de ving et un an qui allait avoir son premier enfant. Un enfant qui fut surtout conçu par chance, car ce n'était pas la ferveur de Luciano qui aurait pu concrétiser cette effort constant de Julietta pour leur donner une descendance. Fausto entra dans la pièce, portant ses vêtements strict et noble de chef de famille, le regard tendu alors qu'il redoutait encore les réactions de son petit frère. Il n'avait quasiment pas prononcé un mot depuis qu'il avait appris que sa femme était enceinte. Connaissant sa paranoïa, Fausto avait peur qu'il ne s'en prenne à femme et enfant... quelque part le souvenir de la mort de leur soeur restant gravé dans sa mémoire même s'il savait que ce n'était pas de la faute de Luciano. Ce dernier restait imprévisible.
"Tu va enfin avoir la joie d'être père Luciano !" lança l'aîné en espérant faire réagir son frère.
Un silence lui répondit et Fausto se demanda s'il était en transe. Serrant les dents il se demanda si son esprit était dans son corps. Impossible, seul un chef de famille pouvait s'extirper de son enveloppe charnelle. Luciano était le Vero Augurio mais il ne pouvait tout de même pas être capable de...
La porte s'ouvrit brutalement alors qu'un cri aigu remplaçait les hurlements presque bestiaux de Julietta.
"C'est u...""Enfin..." fit Luciano en dépassant la servante, sans lui prêter la moindre attention et ignorant royalement son frère.
La sage-femme et les servantes se trouvant dans la chambre se turent, connaissant les sautes d'humeur de leur maître et son instabilité. Tout le monde redoutait la paranoïa de Luciano. Il était logique qu'il se persuade que cet enfant ne soit pas le sien, il ne s'entendait pas bien avec sa femme et tout le monde savait qu'il lui arrivait de coucher à droite et à gauche pour compenser le manque d'attention de son époux.
Luciano s'avança d'un pas étrangement calme vers sa femme qui le regarda avec méfiance, ne connaissant que trop bien son mari pour savoir de quoi il était capable. Fausto se dépécha d'ailleurs à sa suite pour retenir toute violence qu'il pourrait avoir et pourrait regretter par la suite. Le tout dans un silence de mort seulement brisé par les pleurs de l'enfant enveloppé dans son linge.
Luciano se pencha légèrement, une main posée sur la tête de lit. Julietta retint son souffle, déjà prête à acceuillir les hurlements paranoïaque de son époux. Mais, contre toute attente, elle n'eut qu'à acceuillir les lèvres de son mari sur son front humide de sueur. Fixant Luciano avec interrogation, elle ne prit même pas la peine de le retenir lorsqu'il saisit le nouveau né dans ses mains avec prudence.
"Merci," murmura le jeune homme en regardant l'enfant soudainement calmé.
"Vous m'avez donné la plus belle des petites filles de l'île..." un sourire aimant et doux se posa sur le visage jusqu'à présent fermé du père qui serra son enfant dans les bras.
"Tu sera Bérénice Serena Gardenia Aquila, la plus précieuse princesse de tout Belmonte. Cher Ange..."Il n'y avait aucun doute pour lui. Il Savait que cette enfant était Sa fille. Il n'aurait su le dire comment. Il le Savait, tout simplement. Et il la serra contre lui, embrassant le visage poupin sous le regard sombre de Fausto. Luciano était réellement un Vero Augurio, et une nouvelle fois, cette preuve alimenta sa jalousie. Mais il ne dit rien et quitta la pièce à présent qu'il savait que ni l'enfant ni la femme ne risquaient rien.
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"Père ! Père !" fit la voix pressée d'une petite fille aux longs cheveux noirs et au regard d'un bleu sombre tout en tirant sur la manche de l'immense homme qui fixait un point dans le ciel.
Luciano sembal se réveiller à cet instant et baissa un regard surpris sur sa petite fille. Sa petite princesse, son ange. Si belle dans sa robe bleue et dans ses chaussures vernies. Il sourit tendrement et se baissa pour la prendre dans ses bras.
"Que voulez-vous cher Ange ? Ne deviez-vous pas aller prendre une leçon avec votre mère ?" gronda tendrement l'homme en fronçant les sourcils.
"Mais... père... j'en viens... cela fait déjà deux heures que je suis partie..." fit la petite fille d'un air inquiet en tendant une petite main vers la barbe naissante de son père.
"Déjà.. ?" Luciano regarda autour de lui avant de voir que le soleil avait changé de direction, prouvant une fois de plus que sa princesse n'était pas une menteuse. Son regard s'assombrit et il eut une moue.
"Vous réviez éveillé père ?" demanda l'ingénue petite fille en serrant le tissus coûteux de la veste paternelle.
"Oui ma tendre princesse, je crois que je devais rêver..." murmura l'homme avant d'embrasser la joue de Bérénice.
"Pardonnez moi de vous avoir disputer, je ne me suis pas rendu compte...""Je vous pardonnerais si vous me racontez de quoi vous avez rêvé !" fit la petite fille de six ans en souriant.
Alors, lentement, Luciano se dirigea vers un banc du jardin du Pallazo pour s'y asseoir. Et avec lyrisme il conta ce qu'il avait vu. Il n'y avait bien qu'à sa fille qu'il racontait ses délires hallucinatoires. Elle était la seule personne en qui il avait confiance, elle qui était si pure et si tendre. Son petit bijou.
Et depuis une fenêtre éloignée, Fausto observa son frère et sa nièce discuter. Il était obligé d'écouter ses conseillers et ne put donc qu'observer le vero Augurio raconter ses rêves. Le surveiller ne suffisait pas, il était trop paranoïaque et persuadé de sa folie pour raconter ses visions. Il n'y avait qu'à Bérénice qu'il racontait tout car il n'avait pas l'impression qu'elle le jugeait et parce qu'elle croyait encore que ce n'était que des histoires inventées par son père...
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Aujourd'hui encore, le Vero Augurio des Aquila ne connaît pas l'étendue de ses propres pouvoirs, persuadés qu'ils ne sont qu'une manifestations de ses délires hallucinatoires. Il a beau être membre à part entière de la milice et faire un travail à peu près correct, il est loin d'être le juge qu'est son frère comme l'est leur père. Son frère que tout le monde respecte pour le travail admirable qu'il a fourni lorsqu'il avait été pendant plus de dix ans chef de famille malgrés son jeune âge à sa nomination. Lui n'est que le bon à rien de la famille. Celui qui est négligé et qui rejette tout lien sociale.
Et il ne fait aucun effort pour cela, parce qu'il ne vaut rien et qu'il le sait. Il est l'
Augurio Inutile, celui qui à trente ans sait tout juste se servir des deux premiers niveau de l'Augurio...
۞ Famille :Fausto Anacleto Maurizio : Frère aîné de Luciano, il a été la tête de la famille Aquila pendant plusieurs années. C'est un homme droit, strict et stoïque. Très travailleur, certains diront même acharné. Sa relation avec Luciano est assez ambigüe, il semble tenir à son frère et pourtant se montre assez froid avec lui. Il y'a une certaine jalousie réciproque entre les deux frères.
Apollodoro Renato Tiziano : Frère cadet de Luciano. C'est un jeune homme vif et plein de vie qui se donne toujours à fond dans tous ce qu'il fait. Ses frères sont ses modèles et il les aiment à part égale. Il s'entend d'ailleurs relativement bien avec eux même si ses relations avec Luciano sont plus tendu du fait de la paranoïa de ce dernier.
Julietta Arabella Rosalia : C'est la femme de Luciano depuis ses quinze ans. Femme intelligente aux formes avantageuses, à la fois discrète et sophistiquée. Femme du monde mais aussi et surtout femme de l'ombre. Elle a fait partie des unités secrètes des Aquila durant de nombreuses années avant de devenir l'épouse et la garde du corps de Luciano. Elle a apprit à aimer Luciano et éprouve un certain attachement pour lui même si c'est plus par devoir qu'elle se doit de passer sa vie avec lui. Elle aime également sa fille mais est un peu froide avec elle, ne sachant pas trop comment la considérer parfois. elle a l'amour maternelle un peu défaillant.
Bérénice Serena Gardenia : Fille unique de Luciano et Julietta. C'est une petite fille de neuf ans à l'esprit ouvert et vif. Intelligente petite princesse qui sait déjà manipuler son entourage à sa guise. Elle est pourtant raisonnable, élevée en ce sens par son père qui déteste les caprices. Un père avec lequel elle adore passer du temps et pour lequel elle s'inquiète de ses visions. Malgrés son jeune âge, elle a un certain sens du devoir et même si "trahir" son père est douloureux, elle n'hésite pas à aller faire ses rapports régulièrement. Elle entretient de très bonnes relations avec son oncle Fausto qui aime à la gâter - n'ayant pas eu de filles lui-même.