Belmonte
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 Guiliano Andrea Fenice

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Guiliano A. Fenice

◊ Icare aux Ailes de Flammes ◊

Guiliano A. Fenice

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Guiliano Andrea Fenice _
MessageSujet: Guiliano Andrea Fenice   Guiliano Andrea Fenice Icon_minitimeJeu 14 Oct - 23:29

    ₪ CARTE D'IDENTITE ₪

    Guiliano Andrea Fenice Cutiezf

    ۞ Nom : Fenice
    ۞ Prénom(s) : Guiliano Andréa
    ۞ Surnoms : Nero Principe, le Prince Noir, en raison de sa garde robe tapant dans les tons les plus sombres.
    ۞ Âge : 34 ans
    ۞ Famille : Fenice, Famille du Phénix
    ۞ Sangue Nobile : Fuoco Ardente
    Spoiler:
    ۞ Statut : Tête de la Famille Fenice et Armateur.
    ۞ Orientation sexuelle : Guiliano est hétérosexuel jusqu'au plus profond de son âme. Son amour pour les femmes ne souffre aucune modération ou restreinte, à tel point que sa réputation de séducteur est de notoriété publique.


    ₪ ASPECT PHYSIQUE ₪


    ۞ Physique : Ce qui se remarque chez Guiliano Fenice, avant même que l'on puisse le détailler physiquement, c'est l'indéfinissable vitalité sauvage émanant de lui. Son aura chaude comme la braise et violente comme la tempête se fait sentir dés le premier regard posé sur lui, à la fois envoutante et menaçante. L'homme à la tête des Fenice s'impose indéniablement grâce à sa présence, mais aussi grâce à sa stature. Haut de son 1m92 et fort de ses 87 kilos, Guiliano et son torse en V dominent la plupart des hommes et femmes lui faisant front. De part les formes de ses muscles saillants que l'on devine sous ses vêtements, on observe que son corps ferme ne possède pas une once de graisse. Ses bras vigoureux, terminés par de larges mains dont la paume rugueuse semble avoir été légèrement brulée, paraissent taillés dans un roc inaltérable. Son teint basané, assombris plus encore par les journées passées en plein soleil sur ses navires, fait ressortir la blancheur éclatante de ses cheveux dont la pigmentation est naturellement d'un blanc de neige, semblant briller au soleil. Savamment négligés, ceux-ci son coupés courts et se dressent sur sa tête dans un ensemble de mèches rebelles difficilement maitrisées, le plus souvent rabattues vers l'arrière du crâne. Quand à ses yeux mincement découpés, ils sont d'un gris clair au ton tantôt métallique, tantôt duveteux selon l'émotion qui s'y reflète. Ses sourcils, de la même clarté immaculée que ses cheveux, sont étonnamment fins, à tels points qu'ils sembleraient n'être que deux traits soulignant son front dégagé. Ils sont par ailleurs coupés par deux cicatrices descendant des arcades sourcilières jusqu'au pommettes, datant d'un ancien combat maritime où il manqua d'y laisser la vie. Sa mâchoire quelque peu carrée et ses longues lèvres font de son visage un faciès typiquement masculin, ne permettant aucune confusion. Son cou, large et robuste, est semblable à un tronc capable de supporter les pires intempéries.
    Ainsi se trouve être le corps de Guiliano Fenice, tant sculpté par son sang guerrier que par son sa vie d'exercices coutumiers. A l'intérieur de cette montagne imposante se terre pourtant un mal qui la ronge de l'intérieur, un mal transmis par le sang de ses aïeuls. Ayant des prédispositions au Fuoco Ardente, le Phénix des nuits de Belmonte eu par le passé beaucoup de mal à correctement maitriser ses pouvoirs, et dans sa folle jeunesse les utilisa plus que de raison. Aujourd'hui que la quarantaine approche, la Tête de Fenice sent le contre-cout de ses imprudences le rattraper. Parfois pris de violentes douleurs et de spasmes, Guiliano tente de cacher derrière son physique puissant la vérité de son déclin. Sa force ne l'a pas encore abandonné, mais ses organes internes, eux, sentent que leur limite de tolérance approche et ne se gênent pas pour le lui faire savoir. Malgré cela, le Phénix agis comme il l'a toujours fait, endurant ses faiblesses en sorte de n'inquiéter personne. Il n'a de toute manière pas l'intention de mourir de sitôt, étant encore dans ce qu'on nomme la "fleur de l'âge" et comptant bien en profiter.

    ۞ Allure : Ce corps digne d'un athlète, obtenu à force d'efforts et de travaux quotidiens, offre à Guiliano prestance et force et celui-ci le sait parfaitement, donnant lieu à une assurance omniprésente dans sa manière d'être. Sa démarche fière et résolue à la cadence rapide, parfois prise à tord pour de l'esbroufe, est sans nul doute ce qui le caractérise le plus. Immobile, le Phénix semble plus décontracté, n'étant pas homme à s'enfermer de le stress ou le protocole de la noblesse. Penché d'un côté, de l'autre, appuyé contre un mur ou accoudé à une table avec son éternel sourire en coin... Son air détendu mais ferme est un reste de son expérience de marin, où l'on est seul avec le navire, les hommes, et la mer, sans jamais savoir ce qu'il va réellement se passer, et sans avoir réellement le temps d'y penser. Une fois Guiliano sérieux cependant, l'avoir en face de soi et croiser l'éclat de son regard insuffle l'hésitation dans le cœur des hommes, alors que sentir sa présence son côté apporte un sentiment de sécurité immédiat.

    ۞ Goûts vestimentaires : N'est pas surnommé "Prince Noir" qui veut. La garde robe du noble Fenice est en effet composée presque exclusivement de vêtements sombres, de type et genres variés pour convenir à toutes circonstances. Il porte la plupart du temps une tenue moulante aux multiples lanières de cuir, à l'épreuve du feu et donc parée pour le combat. Ses mains sont couvertes de gants de la même matière, remontant jusqu'à peu avant ses coudes, et le tout et recouvert d'un long manteau sombre à col assez haut pour cacher la bouche de son possesseur et dont les épaules sont couvertes d'une savante addition de plumes et fourrures noires comme la nuit. De lourdes bottes renforcées, elles aussi ignifuges, viennent compléter cette ensemble de leur teinte cendrée. Pour ses sorties plus détendues, Guiliano porte un shirt à manches longues aux motifs enflammés qu'il apprécie particulièrement, un pantalon en jean noir et des chaussures de cuir, le tout agrémenté d'un pendentif en argent en forme d'épée et de diverses bagues et bracelets. Il porte parfois des lunettes de soleil de marque, qu'il collectionne dans ses appartements lors de ses moments perdus. Il ne se sépare cependant que rarement de son cimeterre, qu'il garde à ses côtés pour la plupart de ses déplacements.

    Spoiler:

    ۞ Signes particuliers : Hormis les cicatrices se trouvant au niveau de ses yeux, Guiliano possède des marques horizontales dans le dos, semblables à celles qu'aurait laissé un fouet ayant frappé à cet endroit. Il n'en est cependant rien: ces mystérieuses stigmates ne sont que des vergetures apparaissant souvent chez les enfants grandissant trop vite. Lorsqu'on l'interroge à ce propos, le Fenice se plait à inventer des histoires rocambolesques pour se jouer de son auditoire, avant de lui révéler la "triste" vérité.

    ₪ INFORMATIONS PSYCHOLOGIQUES ₪


    ۞ Généralités : Une femme, une coupe de vin et une ballade. Voilà ce à quoi se résument les aspirations profondes de Guiliano Fenice et ce à quoi son caractère entier tend à redécouvrir à chaque instant.
    Vous l'aurez compris, Guiliano est une personne aimant bien vivre. Jovial, et ce malgré ce que sa stature et sa position pourraient laisser deviner, l'homme à la Tête des Fenice organise souvent des soirées sur ses domaines et ne manque pas d'être présent aux réceptions d'autrui. Amateur de belles choses, il est un mélomane confirmé, bien que piètre musicien, ainsi qu'un connaisseur en vins de tous les horizons. Sa conversation, toujours illuminée par son sourire affable, en demeure donc des plus agréables. Également grand joueur, Le Fenice ne refusera jamais un défi qu'il relèvera toujours avec honneur et panache. Éternel charmeur, il ne rate jamais une occasion de jouer au joli cœur devant ces dames, quelles qu'elles soient. Loin de les considérer comme de vulgaires trophées ou objets de luxure, Guiliano éprouve une grande admiration pour la gente féminine en tant qu'êtres vivants, différents des hommes en de nombreux points et donc sources de mystères impénétrables. Il les aime donc dans leur généralité, mais aussi chacune individuellement, car chaque femme possède sa propre beauté qu'il faut lui découvrir. Ainsi il ne tolère nulle violence envers les femmes et ce quelque soit sa classe sociale. Noble ou esclave, servante ou voleuse, chacune trouvera en la personne de Guiliano un fidèle chevalier servant. Il a cependant tendance à mésestimer leurs capacités dans les domaines qu'il estime réservés aux hommes, soit principalement le combat et la politique, avec une exception en la personne de Femto Masque-des-Hivers qui lui a prouvé le contraire par la lame de l'épée.
    En définitive, on pourrait considérer Guiliano Fenice comme l'un de ces nobliaux de pacotille se perdant dans l'insouciance que leur puissance et leur richesse leur apporte, se perdant dans les effluves des plaisirs frivoles qu'offre Belmonte. Il n'en est cependant rien, les observateurs les plus avisés vous le diront. Malgré son caractère de bon vivant, cet homme dirige d'une manière irréprochable l'Armeria, le plus grand chantier naval de Belmonte. Il sait se montrer sévère et stricte quand il le faut, en particulier dans les affaires de sa Famille et qui possèdent toujours une facette délicate à traité. Les plus attentifs verront même que dans ces soirées où le Prince Fenice semble se libérer de toute contrainte, un malice perdure toujours derrière son regard d'acier alors qu'il tisse des liens avec les autres nobles et semant visiblement en toute innocence des rumeurs pouvant amener un tel à se méfier de son voisin. Car au fond, Guiliano lui aussi est un habile manipulateur nourrissant une ambition des plus avides. Cependant loin de se perdre avec quantité de masques qu'il pourrait revêtir pour duper son entourage, il utilise et trouble en restant toujours fidèle à lui-même, détestant le mensonge, et c'est sans doute ce qui fait qu'on se méfie difficilement de sa personne. Stratège patient et réfléchis, il prend son temps pour mettre en place ses sombres dessins sans reculer devant les moyens à utiliser. Cette part de sa personnalité, cachée sans véritablement l'être, est présente dans la plupart des actions qu'il entreprend, ce qui pousse certains nobles avisés à se méfier de lui sans réellement savoir pourquoi.

    ۞ Vices : Son amour immodéré des femmes le pousse parfois, si ce n'est souvent, à commettre des folies et de fourrer dans des situations fort délicates. On a beau être à la Tête d'une famille noble, la colère d'un mari cocu ou d'un père ayant vu la pureté de sa fille s'envoler demeure toujours un fléau qu'il vaut mieux éviter. Par ailleurs, les Fenice sont des individus au sang chaud, rendant leurs colères véritablement dangereuses. Guiliano, bien qu'assez difficile à faire sortir de ses gongs, ne fait pas exception à la règle. Sa rage, bien que dure à éveillée, est d'une telle violence qu'elle pourrait sans mal le pousser à commettre un acte fort regrettable.

    ۞ Aime : Les femmes, la musique, le théatre, la peinture... La Beauté dans son ensemble dirons-nous. Guiliano entretient aussi une affection toute spéciale à la mer et le calme qu'elle et son vent salé lui apportent. Il apprécie de plus les personnes résolues et allant toujours de l'avant en affrontant les difficultés qui se dressent face à elles, et cherche à s'en entourer dés que faire se peut.

    ۞ N'aime pas : Guiliano a une sainte horreur qu'on le critique ouvertement sur des choses telles que sa gestion de l'Armeria ou sa réputation de séducteur, surtout si la critique déforme la réalité pour convenir à celui qui l'adresse. Il déteste de plus les hommes rabaissant et violentant les femmes, ce qui a ses yeux est un crime impardonnable. Il méprise aussi les vantards qui s'appuient plus sur des paroles que sur des faits, ayant tendance à les remettre à leur place dés qu'il en croise un ou, pour les plus chanceux, les ignorer. Matériellement parlant, il n'y a pas de plats ou d'objets que Guiliano déteste fondamentalement.

    ۞ Sociabilité : Guiliano est un homme allant au devant des autres sans la moindre hésitation. Naturellement ouvert à ses interlocuteurs, il ne lui faut que peu de temps pour les apprécier et en être apprécier. S'adressant à chacun avec sincérité et intérêt, il serait capable de fraterniser avec n'importe quel pur inconnu, et ce quelque soi son milieu d'extraction. Même avec les rares personnes qu'il n'apprécie pas, il veille à garder une attitude polie et courtoise, tout en conservant une certaine distance de sécurité.


    ₪ HISTORIQUE ₪


    ۞ Passé : Voir post suivant. Limite de mots atteinte.


    ۞ Famille : Les Fenice ayant bien du mal à vivre vieux, les parents de Guiliano sont morts, et ce sans lui laisser un quelconque cadet. Sa plus proche famille est formée par ses deux cousines, Maria et Claudia Fenice, deux jumelles qui le secondent à la tête de la Famille.

    ₪ ET VOUS ALORS ? ₪


    ۞ Comment avez vous découvert le forum? Le clochard en bas de ma rue m'a donné l'adresse en disant que c'était un super site de fesses. Du coup, me voilà.

    ۞ Que pensez vous de ce dernier? Il est comme un épisode d'Happy Tree Friends diffusé dans un enterrement : original, rafraichissant, et diablement bien pensé.

    ۞ Comment définiriez vous votre niveau RP? En temps normal, je me considère comme assez bon. Mais vu le niveau du forum ce serait plutôt "dans la moyenne" ici.

    ۞ Quelle sera votre fréquence de passage? Joker.


Dernière édition par Guiliano A. Fenice le Ven 29 Oct - 9:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Guiliano Andrea Fenice   Guiliano Andrea Fenice Icon_minitimeMer 27 Oct - 20:00

~¤° Sei nato ceneri,
~¤° E ceneri ridiverrai.

    ◊ Prime Scintille ◊

      Certains affirment que l'espoir est un péché.
      Cela ferait-il alors des hommes nourrissant et doux et fols espoirs pour l'avenir des pêcheurs, au même titre que les meurtriers? Espérer deviendrait donc aussi détestable que désirer et s'approprier les biens d'autrui?
      Guiliano Fenice a, lui, un autre avis sur la question.
      L'espoir n'est pas un péché.
      L'espoir est l'origine de tout péché.


    Ce fut donc dans l'espoir de donner un héritier mâle à son époux que sa mère, issue de la petite bourgeoisie, se livra au péché de luxure qui eu pour conséquence de lui faire perdre la vie, 8 mois et quelques plus tard, lors d'un accouchement survenu bien plus tôt que prévu.
    C'était il y a 34 ans, dans une Belmonte qui était déjà ce qu'elle est aujourd'hui. Une ville brillante de richesse et de beauté où tout, si l'on sait s'y prendre, peut devenir de l'or. Une ville viciée, perdue et oubliée à travers les masques qu'on lui donne, où les nobles cherchent à renverser leurs semblables dans une ascension sans fin vers des sommets imaginaires que nuls n'a jamais vu. Mais rien de tout cela n'effleura l'esprit du nouveau-né, Guiliano, ni ce lui de son père, Silvio. Pour ces deux êtres qui s'observaient dans le blanc des yeux avec une surprise non dissimulée, seule existait la joie d'une vie qui commence, mêlée à la tristesse d'une autre qui s'achève.

    Silvio Fenice était un capitaine à la tête d'une des petites flottilles dont la Famille du Phénix avait la charge. Il était un homme honnête et droit qui aimait sincèrement son fils et cherchait à passer du temps avec lui, mais son affectation à la surveillance de la lagune et de la région le retenait à l'écart de sa demeure sans pour autant l'en éloigner. On dit que les fils de marins grandissent sans connaitre leur père... Ce ne fut pas le cas de Guiliano. Le petit Phénix grandit en croisant son père assez souvent, une fois chaque semaine dans la moyenne, mais Silvio ne fut jamais plus pour l'enfant qu'une ombre distante s'éloignant sur l'étendue azurée pour revenir avec un sourire gêné bien des jours plus tard.
    Le garçon grandit donc parmi les quelques serviteurs de son père qui, malgré son ascendance noble, avait préféré s'établir avec sa femme dans une villa du centre-ville avec une troupe réduite de domestiques. N'ayant aucun camarade de son âge, Guiliano ne tarda pas à s'occuper seul avec ce que contenait sa maison, soit les souvenirs que son père avait ramené dans sa jeunesse d'îles lointaine où lui et son équipage avait navigué autrefois. Enfant curieux, il avait rapidement demandé ce que contenaient ces centaines de boites de cuir où des feuilles avec des dessins étranges s'entassaient, et ont lui apprit à lire. Ce fut dans les livres qu'il trouva le plus de réconfort, découvrant le monde à travers le papier jaunis des ouvrages usés. Sortant rarement de chez lui, Guiliano passait beaucoup de temps à observer la mer depuis la plus haute fenêtre de la villa, à chercher des yeux le bateau de son père, La Fierezza, et à s'imaginer le jour où lui aussi il partirait au-delà de la ligne de l'horizon. Ses rêves enfantins s'évaporèrent cependant bien vite, lorsque son quotidien s'effondra sans crier gare.
    On lui parla de raid d'une contrée voisine. De navire porté disparu. Mais Guiliano ne comprenait pas ce que cela signifiait.
    On se contenta alors de lui dire que son père ne reviendrait plus.

    Âgé d'à peine 6 ans, Guiliano fut confié à son oncle, le frère ainé de son père, suite à la vente de sa villa et au renvoi de ses domestiques. Niccolo Fenice était, contrairement à son cadet Silvio, un grand armateur. Sur tous les chantiers navals que dirigeaient les Fenice, plus de la moitié étaient placés sous son aile, ce qui lui avait valu d'obtenir toute une aile du Palazzo Fenice pour lui et sa famille. Sa femme quant à elle venait de mettre au monde, pour son plus grand bonheur deux petites filles, jumelles, en parfaite santé. C'était donc une famille heureuse et prospère qui lui ouvrait les bras sans aucune hésitation, pensant avoir trouvé un grand frère pour les deux poupons judicieusement nommées Maria et Claudia. Cependant, affecté plus qu'il ne le laissait paraitre par la disparition brutale de son père, Guiliano ne put jamais complètement s'intégrer à cette ô combien parfaite famille dont l'image éblouissante ne faisait que lui rappeler ce dont une arbitraire décision du destin l'avait injustement privé.
    Un père, une mère, deux sœurs, une vie dans un palais et un avenir prospère tout tracé... Beaucoup auraient tout donné pour obtenir ce que Guiliano possédait. Le principal intéressé ne le ressentait pourtant pas de cette manière. Une famille et un foyer? Quel intérêt si l'on s'y sentait comme une verrue collée à un pied?

    De silencieux, Guiliano devint renfermé. Froid envers sa tante et son oncle, il faisait cependant de son mieux pour s'entendre avec ses jeunes cousines, malgré leur différence d'âge assez significative. Après plusieurs années passées avec sa nouvelle famille dans un climat assez tendu, il se mit à fréquenter d'autres jeunes Fenice un peu plus vieux que lui qui quittaient régulièrement le Palazzo Fenice pour faire ce que les jeunes nobles font de mieux: se perdre avec délice et frivolité dans les plaisirs et jeux que la ville leur proposait. Leur petite bande était alors spécialisée dans les farces en toutes sortes, parfois en utilisant leurs quelques dons liés au feu qui commençaient à s'éveiller. Ces jeux innocents devinrent, alors qu'ils grandissaient, des sorties plus audacieuses, bien que toujours faites avec la même insouciance propre aux enfants nés avec une cuillère dorée dans la bouche. Ils ne tardèrent pas à découvrir les jeux d'argent, puis l'alcool, puis les femmes... Cette Dolce Vita à l'arôme amer dans laquelle s'enfonçait Guiliano agissait sur son âme comme un anesthésiant, muselant ses cris de douleurs grâce aux plaisirs éphémères dont il s'abreuvait avec avidité. C'était là son seul remède, sa seule solution pour ignorer les problèmes de son quotidien auquel il refusait de faire face sans jamais se l'avouer...

    La dangereuse pente sur laquelle il s'engageait aurait pu sans mal le conduire à devenir l'un de ces nobles imbus de leur personne dont l'âme et le corps sont aussi vendus aux petits plaisirs de Belmonte que le sont les esclaves à leur maitre. Sans doute aurait-il finit ainsi s'il n'était pas rentré au Palazzo en cette fin d'après-midi fatidique de l'année de ses 16 ans, après avoir noyé sa conscience dans une boisson bien plus forte que le vin...
    Le soleil disparaissait à l'horizon, teintant le ciel d'or et de feu. Dans sa chambre au balcon grand ouvert, ses deux cousines étaient en train d'observer une peinture représentant ses deux parents disparus. Trop jeunes pour comprendre l'état dans lequel se trouvait Guiliano, elles s'approchèrent de lui avec un air interrogateur sur leurs visages parfaitement identiques. Titubant vers l'arrière pour se retrouver dos au mur et ne pas tomber alors que la tête lui tournait, le jeune Phénix se retrouva piégé et dut dévisager de ses yeux vitreux les deux petites filles qui lui faisaient face. Impitoyables, elles l'interrogèrent sans s'apercevoir de la détresse involontaire qui naissait sur le visage de leur cousin.

      « Dis dis dis! Guiliano! »

      « C'est qui sur cette peinture? Ils te ressemblent! »

      « Ce... Ce sont... Mes parents... »

      « Papa et Maman? »

      « Mais... »

      « Paaâs les vôt'es... Les miens! »

      « Et ils sont où maintenant? »

      « ... ... Morts... »

      « Ah... Ca veut dire qu'ils ne reviendront plus? »

      « ... »

      « C'est pas grave! T'as qu'à rester avec nous, Papa et Maman! »

      « Oui! Tu fais déjà partie de la famille! »

      « Ferme-la! »


    Les oreilles de Guiliano étaient pleine d'un bourdonnement étrange qui le mettait au supplice. Loin de le consoler, les paroles des fillettes ne faisaient qu'éveiller toutes ces années de tristesse et de manque qu'il avait pris soin de refouler au fond de son être et qui avaient donné naissance à ce dégout pour sa nouvelle famille. Pris de vertiges, le jeune homme se laissa emporter par les émotions confuses et brutales qui le secouaient et, dans un excès de ce qui semblait être de la rage, chercha malhabilement à envoyer deux claques simultanées sur le visages des deux jumelles. Ses mains trouvèrent leurs cibles, ce qui tenait de l'exploit au vu de son état, mais l'effet produit fut complètement différent de tout ce à quoi Guiliano aurait pu s'attendre.
    Comme dans un cauchemar qu'il aurait fait éveillé, les doux visages de ses cousines prirent feu au contact de ses paumes, hurlant de douleur en se pliant sur le sol dans une gerbe d'étincelles. Effaré, le Fenice eut tout juste le temps de l'être avant que son sang se mette bouillir dans ses veines et que ses tempes lui martelent le crâne sans qu'il puisse retrouver ses esprits. Bientôt, la scène horrible s'évanouit dans les ombres lorsqu'il perdit connaissance pour s'écrouler avec elles, n'entendant comme dernier signe de la réalité que des pas affolés accourant dans leur direction.

    ◊ Cuore Ardente ◊

    Les semaines qui suivirent ce tragique accident furent agitées pour les Fenice. Il n'était pas rare que les jeunes de la famille fassent des dégâts au fur et à mesure que leur Fuoco se développait, mais ce n'était pas tous les jours que la situation atteignait une telle gravité. Secourues rapidement, Maria et Claudia avaient oscillé entre la vie et la mort pendant plusieurs jours avant que leur état ne se stabilise. Une requête fut faite aux Pavone pour ne laisser aucune trace de la terrible brulure qu'elles avaient subie, mais chacune perdit l'usage d'un de ses yeux. L'affaire ne s'ébruita fort heureusement pas en dehors de la famille Fenice et seul un cercle restreint de personnes furent mises au courant des faits. La sanction prononcée envers le jeune Guiliano s'en retrouva donc allégée.
    Ce dernier n'eut cependant pas le loisir de s'inquiéter de choses aussi futiles, car une fièvre violente et implacable l'avait cloué au lit depuis cette mésaventure. Continuellement en nage alors que son corps semblait bruler, il avait entamé son passage à l'âge adulte, chose commune chez les Fenice, de la pire manière imaginable. Souvent en proie à des délires amenés par la fièvre, il revoyait les visages de sa mère qu'il n'avait jamais connu, de son père qu'il avait cherché à oublié, de ses cousines qu'il avait blessé... Tous lui répétant sans cesse leurs terribles reproches et lui ressassant les regrets qu'il avait accumulés dans sa vie de débauche insouciante. La haine injustifiée dont ils avaient fait l'objet lui revenait de plein front, dans toute son horreur, et lui fit réaliser la vérité dont il avait détourné les yeux tout ce temps.

    Ce qu'il avait détesté durant ces années, ce n'étaient ni ses parents disparus, ni sa famille d'adoption... Mais plutôt ce qu'il était devenu.

    Guiliano erra sur les plateaux brulants de l’enfer pendant en tout 22 jours qui lui semblèrent être une éternité. Lorsqu’il s’éveilla en pleine nuit en ne ressentant plus aucune douleur, il crut pendant un bon moment être passé de vie à trépas. Seul dans l’obscurité, avec sa respiration et le bruit des vagues pour seuls compagnons, il se sentit vide. Vide et perdu.
    Au bout d'un long moment, les premiers rayons du soleil vinrent poindre à l'horizon et illuminèrent le ciel en se reflétant sur la surface trouble de la mer. Cette lumière intense perça à travers le froid qui habitait le corps et l'âme du jeune homme et lui fit tourner la tête vers la baie vitrée de sa chambre. Sans vraiment savoir ce qu'il y cherchait, Guiliano scruta le globe incandescent jusqu'à s'en bruler la rétine. La décision qu'ils pris ce matin-là fut celle qui l'amena à se redresser avec dans le regard cet éclat qui l'avait quitté depuis qu'il était enfant. Cette flamme allumée par le soleil matinal devait être celle amena le jeune Phénix à sa Renaissance, et au changement qui allait avec.

    Lorsque Guiliano quitta son lit quelques jours plus tard, les autres Fenice eurent bien du mal à le reconnaitre tant son comportement avait changé. Au lieu de retourner à ses anciennes escapades aventureuses, il délaissa ses compagnons de jeunesse pour passer du temps avec ses deux cousines et le reste des adultes du clan. On le redécouvrit étonnamment ouvert et amical, mais aussi humble et repentant. La froideur qui avait été la sienne s'était évanouit pour laisser place à des sentiments nouveaux que lui-même ne parvenait pas tout à fait à cerner, mais qu'il avait décidé d'accepter tels qu'ils étaient. Il en vint ainsi à tenter de se comporter comme un grand frère envers les deux petites filles qu'il avait grièvement blessé, avec dans le cœur une espérance sincère d'être un jour pardonné pour son acte inexcusable. Si Maria ne mit que peu de temps à pardonner son cousin malgré la gravité de son acte, il en fut autrement de sa jumelle Claudia a qui il fallut un bon moment pour se défaire de sa peur des mains de Guiliano.
    A présent considéré comme un adulte parmi les siens, le jeune Fenice était en âge de trouver un travail. Personne ne lui aurait tenus rigueur s'il avait décidé de profité encore un peu plus longtemps de sa jeunesse, celui-ci insista pour qu'on l'autorise à devenir marin, tout comme son père et ses ancêtres avant lui. Ce fut ainsi que Guiliano finit par prendre la mer en tant que simple mousse sur un navire de la famille et qu'il prit pour la première fois la mer, s'émerveillant de la force du vent marin et de l'immensité bleue qui s'offrait à lui. Il prenait son envol, à présent que ses ailes avaient été débarrassées de leurs impuretés, pour retrouver la place qui avait toujours été la sienne, entre l'azur du ciel et celui de l'océan.

    Les années passèrent et les navires se succédèrent, mais Guiliano veilla à toujours rester égale à lui même sur chacun d'eux. Rêveur en mer, joueur sur terre, il ne perdit rien de l'audace de sa jeunesse mais gagna en panache, devenant sans le désirer vraiment l'une des étoiles montantes des Fenice. A seulement 22 ans, il fut nommé contremaitre sur un prestigieux vaisseau de commerce de la marine Belmontienne qui sortait même de la juridiction des Fenice. Connu pour son sérieux dans son travail mais aussi pour ses nombreuses aventures amoureuses, l'impétueux Phénix savait comment se relaxer chaque fois qu'il touchait terre. Devenu amateur de belles choses, en particulier des belles femmes, il ne faisait plus une escale sans en ramener un souvenir de valeur ou y avoir fait une nouvelle conquête. Là était sa manière d'être: libre comme le vent et rayonnant comme le soleil, appréciant chaque chose à sa juste valeur. Cette vie, bien que pas toujours rose, lui convenait parfaitement, et il priait alors pour que rien ne change jamais.

    Il est difficile de dire si ces prières furent entendues ou ignorées. Dans un cas comme dans l’autre, arriva un matin où Guiliano rencontra une femme qui se démarqua parmi toutes les autres. Le joli cœur venait de rentrer de voyage et il ne lui avait fallu qu’une soirée pour se faire inviter dans la demeure d’une jeune fille rencontrée au hasard lors de sa visite à son troquet habituel. Loin de vivre le paisible réveil qu’il avait escompté en s’assoupissant tard dans la nuit, il fut jeté hors du lit à violents coups de balais. A moitié nu, voir complètement pour ne rien cacher, le jeune marin fut chassé de la demeure familiale par la grande sœur de sa conquête qui, dans l’instant, lui sembla être une véritable furie à la chevelure de feu et au regard de glace. Se retrouvant hagard sur le bas de la porte, il ne put s’apercevoir de la beauté véritable de cette ainée que lorsque celle-ci rouvrit la porte… Pour lui jeter ses frusques au visage avec un air courroucé adorable.
    L’audacieux Fenice, y voyant là un défi qui lui était proposé, s’employa à faire la cour à cette diablesse du nom de Caterina lors de son temps libre. Loin de céder à ses avances, elle le repoussa chaque fois avec plus d’insistance, visiblement agacée par l’apparent détachement avec lequel il se présentait à elle. Voyant que la tâche serait plus ardue que prévu, Guiliano s’impliqua plus dans sa manœuvre de séduction et délaissa quelque peu son travail pour y consacrer plus de temps. Se mettant à suivre discrètement la jeune femme lors de ses déplacements, ce fut avec surprise qu’il la découvrit douce et aimable, porteuse d’une grâce naturelle et innée dont nombre de ses semblables étaient dénuées. Bien que stricte envers elle-même, elle n’hésitait jamais à venir en aide à autrui, quelle que soit sa position, faisant preuve d’une générosité emplie de fraicheur et de sincérité. C’était le genre de femme avec qui l’amour n’était pas un badinage, et cela Guiliano n’eut aucun mal à le comprendre. Il songea un bon moment à abandonner son entreprise, n’étant pas convaincu d’être l’homme idéal pour une telle femme et surtout trop respectueux envers elle pour lui imposer la vie tumultueuse qui était alors la sienne. Ce fut finalement en écoutant son cœur qu’il prit son choix…
    L’amour était une chose égoïste. Il fallait donc se montrer soi-même égoïste en retour pour pouvoir en profiter pleinement.

    Plutôt que de se présenter comme un amant comme il l’avait fait jusqu’à présent, Guiliano vint à elle avec l’intention de s’en faire une amie avant toute chose. Malgré les réticences de la jeune femme, l’insistance du Fenice les poussa petit à petit à faire connaissance et se découvrir chacun des facettes insoupçonnées de l'autre. Les voyages du marin espacèrent leurs rencontres, et il fallut du temps pour qu’une véritable relation se noue entre eux, mais au bout du compte leur couple atypique se mit en place le plus naturellement du monde, comme si cela aurait toujours dû en être ainsi. Elle, Caterina Alberti, humble fille de marchand. Lui, Guiliano Fenice, ambitieux contremaitre de la marine. Deux personnes que beaucoup séparaient et qui pourtant se surprenaient à rêver d'un avenir radieux aux côté de ce contraire si attractif.
    Penser à cette femme apportait un sentiment de sérénité et de joie que le Fenice n'avait jusque là jamais connu. Il s'agissait de son havre de paix, seul véritable point d'ancrage dans sa vie passée sur les flots. L'amour? Oui. Sans doute aurait-il pu l'appeler ainsi. Ce fut d'ailleurs pour cette raison qu'il commença, alors que son 24ème printemps approchait, à offrir aux parents de sa belle une demande de fiançailles en bonne et dues formes.
    Le future n'est cependant qu'un fil au tracé changeant selon les choix et les convictions de chacuns, et le splendide avenir des tourtereaux ne tarda pas à sombrer dans les eaux troubles de la lagune de Belmonte.

    C'était une nuit sans lune passée sur la mer à bord d'une bateau d'apparat affrété par la Tête de la Famille Fenice pour passer en revue la flottille familiale. Désireux de pousser plus loin cette sortie à l'air marin, le Patriarche familial demanda à s'écarter quelque peu de la coté pour retrouver les sensation de sa jeunesse, lui qui n'était plus tout jeune. A bord du vaisseau, Guiliano baillait au corneilles, fatigué d'être sans cesse convié aux apparitions familiales en raison de son rang. Dans les ombres de la nuit, un chant se glissa cependant jusqu'à ses oreilles, éveillant ses sens par sa mélodie envoutante et lui faisant scruter les ténèbres de la mer avec une anxiété croissante qu'il ne parvenait à contrôler. Quelque part... Quelqu'un... L'appelait de ce chant si triste.

    L'instant d'après, la mort était sur eux.

    Plusieurs navires apparurent en jaillissant vers eux tels des apparitions fantomatiques traversant le voile de l'autre monde. Bientôt abordés de toute part par une multitude d'hommes armés, les Fenice furent aux prises avec des pirates, car c'était bien de ces sinistres loups de mer qu'il s'agissait. Les lames et les corps résonnèrent en tout coin sur le navire des Fenice, éclairé par les seules flammes qui apparaissaient périodiquement dans les affrontements et la lune qui daignait éclaire la macabre danse de ses pâles rayons par intermittences irrégulières. Assaillit par la peur, mais aussi par une excitation inexplicable Guiliano se jeta à corps perdu dans le combat, luttant pour sa vie comme pour celles de ses compagnons.Dans cette valse d'ombres et de lumières au-dessus des flots, le sabre du Fenice rencontra un adversaire des plus coriaces armé de deux lames d'aspect oriental qui virevoltaient de manière menaçante devant lui. Pourtant, alors qu'ils échangeaient des coups adroits et puissants, un malaise grandissant s'emparait de la poitrine du jeune homme. Quelque chose le dérangeait sans qu'il puisse déterminer de quoi il s'agissait.

    L'adversaire sauta en l'air à l'instant où la lune perça les nuages pour illuminer le vol subjuguant de la femme qui le surplombait. Ses cheveux semblaient d'argent sous al lumière du clair de lune et l'éclat qu'il perçu au fond de ces pupilles d'ambre clair le marqua à jamais.
    Les deux lames le frappèrent aux yeux, lui arrachant un cri de douleur et lui faisant lâcher son arme. Aussitôt il reçu un coup puissant à la poitrine qui lui coupa le souffle et le projeta en arrière où il tomba jusqu'à heurter avec violence la surface glacée de la mer, dont le sel vint enflammer ses plaies aux yeux. S'accrochant dans une dernière étincelle de conscience à un fragment de bois à la dérive, Guiliano, vidé de ses force, s'abandonna aux souhaits du courant qui l'emporta loin des combats qui se poursuivaient.

    ◊ Fiamma del Coraggio ◊

    Guiliano fut le seul rescapé de cette nuit tragique qui vit périr nombre de Fenice inestimables pour la famille du Phénix, dont l'homme vénérable qui en était à la tête. Repêché par un petit navire de pêche, le survivant fut longuement interrogé sur le déroulement des évènements. Il était rare que les pirates s'en prennent à des Fenice, qui n'étaient somme toute que de lointain cousin fatigués de leur vie de forbanterie. Le deuil des familles supplanta cependant bien vite les craintes et soupçons causés par cette attaque soudaine qui avait pris les phénix complètement au dépourvus. Comme le voulait la tradition, ce fut le Premièr Consigliere, le second du précédent leader de la famille, qui pris sa succession jusqu'à la prochaine Manigance qui devait se dérouler 2 ans plus tard.

    Chez les Phénix, la Manigance prenait place tous les 10 ans lors d'une cérémonie où tous les membres de la famille étaient conviés à une cérémonie ancestrale dans les entrailles du Pallazo Fenice. Chaque membre de la famille devait retirer dans une urne une enveloppe cachetée contenant le nom d'une personne présente. Une fois la distribution faite, chacun mettait le feu au papier tenu grâce à ses paumes, excepté l'actuel dirigeant qui présidait la cérémonie. Le nom contenue dans l'enveloppe de ce dernier était celui de la future tête de la Famille Fenice. Le nouveau dirigeant devait alors choisir son Premièr Consigliere qui le seconderait en tout et le remplacerait dans son rôle si jamais besoin s'en faisait sentir. Le rôle de ce second était primordial lorsque le dirigeant désigné était trop jeune pour commander au clan, ou qu'il disparaissait avant la fin de son mandat, comme ce fut le cas à l'époque de Guiliano.

    Le Premièr Consigliere était, à l'image de celui qu'il avait secondé pendant 8 ans, un homme respecté et d'une grande débrouillardise. Son assurance ne suffit cependant à rassurer les Fenice qui, suite à la mort de leur leader, cédèrent à l'agitation et au désordre. Nombreux étaient ceux réclamant une traque des pirates responsables de la mort des leurs, d'autres prônaient la prudence, flairant une intrigue bien plus complexe depuis de "regrettable" accident survenu de manière trop hasardeuse pour ne pas avoir été prémédité. Les deux années qui s'écoulèrent affaiblirent le clan du Phénix qui perdit de son influence, sans pour autant sombrer dans l'opprobre. Le jeune Guiliano avait cependant l'esprit bien ailleurs: enfin fiancé en secret à sa belle Caterina qui avait cédé à ses avances en apprenant à quel point elle avait manqué de ne plus jamais le revoir, le Fenice était bien résolu à profiter à croquer la jeunesse qu'il lui restait à pleines dents, pour ne plus rien avoir à regretter lorsque la mort le frôlerait de nouveau de sa main glacée. Loin des tourments de sa famille, il savourait chaque jour qui passait aux côté de celle dont il voulait partager la vie. Bien des promesses éternelles et des mots doux furent murmurés en ce temps béni par le destin.
    C'était la fin de l'été. Le dernier soupir d'une jeunesse sur le point de s'envoler, mettant fin au calme précédant la tempête.

    Lorsque vint la date fatidique de la Manigance, Guiliano s'avança comme il l'avait fait dix ans plus tôt dans la crypte à peine éclairée par quatre torches placées aux points cardinaux. Tous les Fenice réunis en ce lieu plongeaient leur main tour à tour dans l'urne rouillée qui avait, jadis, accompagné la légende de leur fondateur qui y avait soit-disant abrité son cœur. Après avoir tiré une enveloppe à son tour, le jeune homme alla se placer dans les rangs pour enflammer le mince bout de papier lorsque le signal fut donné par un coup de gong retentissant. Le Premièr Consigliere s'avança, avec à son côté la famille de feu Alberto Fenice, Tête de la famille. Parmi eux, Guiliano nota la présence Giovanni, fils de l'ancien meneur et ancien compagnon de ses aventures de jeunesse. Il n'eut cependant pas le temps de détailler plus longtemps l'assemblée car le maitre de cérémonie venait d'ouvrir enveloppe et de lire le nom du futur Prince des Phénix.

    On lui demanda alors de s'avancer alors que le vide se fit autour de lui.

    Paralysé, Guiliano resta plusieurs secondes figé sur place à regarder ses semblables qui l'entouraient. Il était venu dans la simple idée d'assister à la nomination de leur nouveau dirigeant... En aucun cas il n'avait imaginé un seul instant le devenir lui-même. Était-ce un rêve? Un cauchemar?
    Le second appel du Consigliere lui fit l'effet d'un choc électrique. S'avançant d'une démarche plus machinale qu'à l'ordinaire, le jeune homme monta sur l'estrade pour recevoir la bénédiction de son prédécesseur et se voir revêtir de la cape d'or et de feu qui était le symbole de l'homme tenant les rênes de la famille Fenice. Le reste de la cérémonie se déroula sans que le nouveau chef puisse dire quoi que ce soit, hormis les noms de ses deux Consigliere, Maria et Claudia. La Manigance était aléatoire... Personne n'y était jamais véritablement préparé. Guiliano encore moins que les autres... Il en fut si déboussolé que pas un instant durant toute la cérémonie il ne remarqua ni les murmures inquiets de ses parents, ni le visage d'un rouge fulminant de son ancien camarade Giovanni.

    Les semaines qui suivirent cette inattendue domination furent à Guiliano ce que les douze travaux furent à Hercule. La nouvelle Tête des Fenice n'eut plus un instant à lui et dut se charger de nombreux usages administratifs tels que des contrats à renouveler et des personnalités à saluer. Le passage du pouvoir devait normalement s'étendre sur un mois, temps durant lequel les aptitudes du nouveau dirigeant étaient testées. Durant ce laps de temps, le jeune homme ne put sortir que de rares fois du Pallazo, toujours pour des rencontres officielles d'une formalité des plus contraignantes. Pas une fois il n'eut le temps de s'échapper pour annoncer la nouvelle à Caterina, quoiqu'il se doutait bien qu'elle l'avait déjà appris par elle-même, la jeune femme en question étant loin d'être une idiote. Si aucune nouvelle ne lui parvenait, elle chercherait surement à apprendre si quelque chose s'était passé... Oui, surement...
    Ce ne fut donc qu'à demi-surpris qu'il reçu un soir une lettre portant le nom d'Alberti. Lorsqu'il décacheta l'enveloppe et pris connaissance de son contenu, il resta pensif un bon moment avant de se diriger vers la bibliothèque et, usant d'un passage secret dont il avait prit connaissance récemment, il s'échappa du Palazzo pour se diriger de manière discrète vers les dock. Ce n'était pas le genre de Caterina de lui demander de la retrouver au plus tôt dans un lieu aussi isolé. Pour que sa belle lui fasse une telle demande, la situation devait l'exiger. Il ne pouvait donc perdre la moindre minute!

    Guiliano entra dans le petit entrepôt vide indiqué dans la lettre. Il y faisait noir comme dans un four, et pourtant le Phénix et pénétra sans se soucier d'un potentiel danger. Dés qu'il se fut suffisamment avancé cependant la porte de la bâtisse se referma brusquement derrière lui, lui interdisant toute tentative de fuite. Dans un crépitement, deux torches s'enflammèrent devant lui, révélant à ses yeux à peine habitués à l'obscurité le tragique spectacle qu'on lui avait réservé.
    Deux hommes encapuchonnés et masqués tenaient chacun l'une des torches qui s'étaient embrasées un instant plus tôt. Tous deux éclairaient un troisième larron au visage camouflé qui quant à lui tenait d'une main une de ces nouvelles armes dites "à feu", assez petite pour se cacher aisément sous une veste, qui était quant à elle pointée sur la tempe de Caterina, bâillonnée et ligotée. Le bleu océan des yeux de la jeune femme était emplie d'une peur poignante qui la faisait s'agiter malgré l'arme braquée sur elle. La détresse désespéré que Guiliano lut dans le regard de sa bien aimée lui fit immédiatement porter la main à son sabre, mais un claquement de langue du ravisseur accompagné d'une oscillation négative de la tête lui fit stopper son geste. Ces gars n'étaient visiblement pas d'humeur à plaisanter. La voix de l'homme qui retenait Caterina s'éleva, faussement enrouée pour camoufler son intonation.

      « Allons Signore Guiliano. Pas de gestes inconsidérés. Votre amie ici présente pourrait en faire les frais. Nos exigences sont simples... Mais commencez donc par vous approcher pour que nous puissions en parler sans élever la voix. »


    Réfrénant sa colère, le Fenice détacha sa main de la poignet de son arme et s'avança d'un pas lent et lourd vers les ravisseurs. A chaque pas qu'il faisait, Caterina semblait s'agiter un peu plus, animée par une peur de plus en plus grande, comme si elle lui disait de ne pas approcher, de s'enfuir... Mais il ne pouvait pas. Sa vie, celle qu'il avait gagnée, celle à laquelle il aspirait, se trouvait quelque part dans se frêle corps ligoté. Quand bien même il se rapprochait d'un danger imminent, il ne pouvait tourner les talons sans perdre bien plus important que sa propre vie. A ce stade, il espérait encore pouvoir tout régler avec une rançon livrée aux hommes masques. Si seulement...
    Lorsque Guiliano fut assez proche, un rictus cruel se glissa sur les lèvres de l'homme qui détenait Caterina et il tendit son bras armé pour le pointé droit sur le torse du Fenice. Prit de court, Guiliano sut qu'il ne pourrait pas éviter la balle. Ce qui lui sauva la vie fut un corps jeté juste à temps entre la balle et sa cible.

    Une vie sacrifiée pour en prolonger une autre.
    Un acte vide de toute arrière pensée, juste guidé par des sentiments profonds et purs.
    Une perte intolérable, de celles qui marquent à jamais le cœur de ceux qui la subissent.

    Caterina s'était dégagée de la poigne de son ravisseur au moment crucial et avait sauté au devant du canon de l'arme à feu sans la moindre hésitation. La détonation avait hurlé comme le tonnerre, projetant la jeune femme plusieurs mètres en arrière, jusqu'aux pieds d'un Guiliano dont le cœur venait de se geler. Les deux hommes de main du tueur voulurent dégainer leurs armes, mais leur chef les en empêcha d'un geste. Il observa plutôt le Fenice se pencher sur le corps de son être aimé tout en cherchant à sa ceinture la présence rassurante de sa rapière. Caterina avait déjà cessé de respirer. La balle avait perforé sa poitrine pour atteindre directement le cœur. Elle était morte sans pouvoir lui redire encore une fois ces mots qu'il lui avait si souvent répété et qu'il voulait lui faire dire, au moins une fois... Même si par ses actes elle était allée bien au-delà des mots dans l'expression de son amour.
    Mue par une colère qu'il pensait sans bornes, Guiliano lança un regard emplis de haine vers l'homme masqué qui, l'instant suivant, se fit assaillir le visage par des langues de flammes qui avaient jaillit des torches. Le masque de cuir qu'il portait s'envola et alors que le reste de sa capuche se décomposait, le Phénix put voir le visage du tueur et mesurer toute l'horreur de la situation.

      « Consigliere ?! »


    Sous le masque de corbeau, insensible aux flammes, c’était bel et bien le visage paisible et marqué par les ans de l’ancien Premièr Consigliere des Fenice, celui-là même qui l’avait appelé lors de la cérémonie de succession. Sur son visage d’ordinaire bienveillant trônait une expression d’une cruauté à nul autre pareil. Devant la tragédie qu’il avait sous les yeux, le seul sentiment qui l’habitait semblait être… l’ennui. Son arme, inutile une fois son feu déversé, pendant encore fumante au bout de sa main, preuve de son crime impardonnable.

      « C’était une forte tête dont vous vous étiez entiché, Guiliano. D’un certain côté, je devrais vous en être reconnaissant. Si vous n’aviez pas eu cette relation secrète avec cette femme, il nous aurait été bien plus difficile de vous isoler comme ce soir. »

      « … Mais… »

      « Oh ! Je vous en prie! Ne me montrez pas ce visage surpris! Si vous aviez été plus attentif, vous auriez deviné quelque chose se tramait depuis bien plus de deux ans maintenant. Quelqu’un d’aussi naïf n’aurait fait qu’enfoncer plus encore les Fenice dans la tombe creusée par votre prédécesseur. Il faut quelqu’un capable de saisir toute la mécanique de Belmonte pour pouvoir diriger notre Famille. »

      « Vous… Vous voulez garder votre emprise sur la famille Fenice? Votre place de Consigliere pendant 10 ans ne vous a pas… Attendez… Il y a deux ans… Les pirates… C’était vous?! »

      « Moi? Non! Bien sur que non. Fricoter avec cette racaille aurait trop ternis mon image. Néanmoins Giovanni s’est montré assez… contrarié lorsque je lui ai parlé du projet de son père de s’unir par le mariage à toutes les autres familles nobles. Le sang lui est peut-être monté à la tête… »

      « Vous avez même trahis celui à qui vous deviez votre place… Comment pouvez-vous vous prétendre assez juste pour diriger les Fenice? »

      « Ne sois pas ridicule! Ce vieux fou méritait amplement son sort ! Il comptait vous marier, toi et tout ceux de ta génération à d’autres enfants de nobles et ainsi faire de la noblesse une classe plus "tolérante"… Pff! "Tolérante" ! Les luttes intestines entre nobles sont ce qui animent la vie de Belmonte! En cherchant inutilement à les faire cesser, ce vieux fou aurait disloqué la famille Fenice! Cet imbécile n’a rien vu venir, et ce jusqu’à la fin. Il n’a pas prêté attention au sentiments de son propre fils, que j’ai pu exciter à loisir en lui faisant miroiter les erreurs de son géniteur et l’avenir de grandeur que je lui promettais. Il croyait que j’avais placé son nom dans toutes les enveloppes de la cérémonie. Ah! Le fou! Ce n’est même pas moi qui les prépare! La bêtise et peut-être héréditaire… Cela aura au moins contribué à mon noble projet. »

      « … Et c’est pour une raison aussi vide de sens que Caterina est morte? »

      « Cela n’a rien de personnel. Je ne pouvais altérer le choix de la Manigance, mais je pouvais aisément faire disparaitre celui qu’elle désignerait ainsi que son Consigliere. Giovanni aurait été désigné coupable, et j’aurais par défaut gardé mes fonctions pour la décennie à venir. Cette femme n’est dans tout cela qu’un dommage collatéral, comme vous le serez bientôt… Tout comme vos cousines et Giovanni qui, à l’heure qu’il est, doivent déjà être passés dans l’autre monde. »

      « … »

      « Allons. Ne m’en tenez pas rancune. Si je n’avais pas instigué cette tragédie, d’autres bien plus grandes auraient frappé les Fenice, conduisant au final au même résultat. C’est ainsi que fonctionne Belmonte. Par des luttes et des sacrifices donnant un sens aux agissements de chacun. »


    Alors que l’intriguant parlait, ni lui, ni ses acolytes, ne notèrent l’attitude inquiétant de Guiliano. Le visage penché sur le corps de sa bien-aimée, ses yeux demeuraient voilés par les premières mèches blanches de ses cheveux. Dans son dos, de brèves flammèches naissaient et disparaissaient dans l’air, trop brèves pour alerter qui que ce soit sur la menace qui couvait. Soudain, un rire s’éleva dans la pièce. C’était un rire mauvais et funeste à vous glacer le sang. Ce rire, c’était celui qui s’élevait de la gorge de Guiliano.
    Après avoir déposé le corps de Caterina au sol, l’homme meurtris au plus profond de son âme se releva lentement, de toute son imposante stature, et alors que deux faibles flammes s’allumaient dans son dos, sa voix se fit entendre, calme et terrible.

      « Je vois… C’est donc dans ce genre de monde pourris qui ce putain de bout de papier m’a balancé… Un monde où il faut entretenir les combats et les rivalités pour que personne ne se pose de questions sur ce qui se passe… Mais je refuse de m’y plier. Si tel est vraiment le cas, alors il ne me reste qu’à purger cette ville… Par le feu, s’il le faut! »


    Dans un mouvement majestueux, les deux ailes incandescentes du Phénix se déployèrent dans le dos de Guiliano, hautes et fières, semant la peur dans les cœurs de ceux qui lui faisaient face.
    Les conspirateurs, ces oiseaux de feu qui s’étaient perdus dans les ombres, firent bien pâle figure devant l’attribut flamboyant du souverain des cieux. Apeuré, le Consigliere se tourna vers ses complices en leur faisant signe d’ouvrir le feu, mais les flammes des torches qu’ils tenaient s’étaient déjà glissé sur leur vêtement jusqu’à leurs armes, enflammant la poudre et faisant éclater leurs pistolets entre leurs mains. L’instigateur de toutes ces trahisons tenta alors de dégainer sa rapière dans un effort désespéré, mais devant lui les deux ailes de feu s’enroulaient déjà ensemble pour ne former qu’un seul et unique torrent infernal qui se déversa sur lui, incinérant sa cape et une partie de ses vêtements d’un souffle. Son corps insensible à toute brulure résista à l’assaut de Guiliano, mais le traitre ne put rien faire lorsque son assaillant dissimulé au cœur de la fournaise qu’il avait déclenché fondit sur lui pour l’empaler le long de son sabre, sans aucune once de pitié dans le regard. Le torse transpercé, le Consigliere maudit le jeune homme dans un ultime grognement grotesque avant de rendre son dernier souffle.

    La danse des pantins grinçants n’était cependant pas encore tout à fait terminée. Les deux acolytes dégainèrent leurs lames pour se jeter à leur tour sur Guiliano. Malgré leurs efforts, les deux ailes enflammées se courbèrent et les repoussèrent, les heurtant chacun à l’abdomen pour les faire reculer par la force. Emportés par les flammes l’un fut projeté contre un mur alors que son comparse s’effondrait parmi les caisses. Au même instant, dans le dos du Fenice, la porte de l’entrepôt s’ouvrit pour laisser deux ombres se faufiler à l’intérieur. Au lieu de s’en prendre à Guiliano, comme celui-ci s’y attendait, elles coururent toutes deux jusqu’aux hommes qu’il venait de mettre à terre pour les égorger sans autre forme de procès. Il ne fallut que peu de temps au jeune dirigeant pour reconnaitre les nouvelles arrivantes, juste l’intervalle nécessaire à ses yeux pour s’habituer à la nouvelle obscurité qui avait envahis les lieux.

      « Alors vous étiez là… Maria… Claudia… »

      « Nous venons juste d’arriver. Giovanni était venu nous trouver pour nous faire part des manigances du Consigliere… »

      « Nous ne l’avons d’abord pas cru… Mais nous avons tous les trois été attaqués pas des spadassins masqués qui nous avons dû défaire. Giovanni a été grièvement blessé, mais lorsque nous l’avons laissé pour partir à ta recherche il était encore en vie. »

      « Lorsque nous avons trouvé ton bureau vide, nous avons imaginé le pire… Et puis nous avons découvert cette lettre ouverte… Mais… Il était peut-être un peu tard. »


    Le regard triste de Maria avait dérivé jusqu’au corps étendu de Caterina qui gisait au centre de l’entrepôt, éclairé par le mince filet de rayons lunaires qui filtraient par la porte entrouverte. Le visage calme mais le cœur en miettes, Guiliano retira son épée du torse du Consigliere et observa le corps de son aimée qui, déjà, semblait refroidir pour devenir statue de glace. Lentement, il marcha vers elle avec l’impression de pouvoir s’effondrer à chaque pas. Une fois à côté d’elle il s’agenouilla et la pris dans ses bras pour fermer ses yeux encore grands ouverts et graver à jamais son doux visage dans son âme et son esprit. Lui offrant une ultime étreinte, Guiliano la serra contre lui et, sachant parfaitement ce qu’il faisait, embrasa et laissa se consumer le corps de Caterina.
    Lentement dévoré par des flammes douces et chargées de tristesse, le corps de la jeune femme se décomposa pendant de longues, très longues minutes, dans les bras de son amant, qui lui n’en ressentait pas la morsure. Sans laisser un mot franchir ses lèvres, le Fenice n’exprimait sa douleur intolérable qu’à travers les larmes qui coulaient sur ses joues pour s’évaporer au contact du feu. Lorsque la carcasse calcinée craqua et s’effrita entre les doigts de Guiliano, celui-ci poussa un seul et unique cri, déchirant le silence de la nuit par le désespoir presque palpable dont il était porteur.

    Qu’il était triste, le cri du Phénix qui se consumait en sentant son existence s’éteindre une nouvelle fois.

    Guiliano resta là, à observer les flammes qu’il avait fait naitre achever de réduire en cendres le corps de celle qui aurait dû partager sa vie. Lorsqu’il ne resta d’elle plus qu’une fine couche de poussière grise, l’aube pointa à l’horizon, comme pour remplir une nouvelle fois son cœur vide de ses rayons salvateurs.
    Les jumelles étaient restées dans l’ombre, à observer la souffrance de leur cousin sans pouvoir ni le quitter ni le consoler. Ce fut finalement Maria qui s’approcha de lui pour lui poser sur les épaules la cape sombre ornée de plumes d’or qui était désormais la sienne. Posant une main tremblante sur le tissu, Guiliano le serra de toutes ses forces en ravalant sa peine avec grandes difficulté. Il devait se montrer fort, et faire face à la réalité qu’il avait découvert ce soir-là. C’était là le seul moyen de donner un sens à la mort de Caterina. Se redressant lentement, il s’adressa aux jumelles qu’il savait côtes à côtes, juste derrière lui.

      « Maria, Claudia… Jusqu’où êtes-vous prêtes à me suivre? »

      « Nous te suivrons partout comme ton ombre… Jusqu’en Enfer, si c’est là que tu désires te rendre. »

      « Nous n’avons pas vraiment le choix de toute manière. C’est toi qui nous a nommé Consigliere après tout. Non? »

      « Hé… Nous sommes donc tous plus fous les uns que les autres… »


    Se retournant dans un grand claquement de cape, Guiliano s’avança vers la porte de l’entreôt, vers lumière de l’aube. Ses yeux brillaient d’une détermination plus forte que toutes celles dont il avait fait preuve jusqu’à présent. Sans hésiter, les jumelles lui emboitèrent le pas lorsqu’il annonça d’une voix forte :

      « Venez! Nous allons détruire Belmonte! »


    ◊ Ceneri di Domani ◊

    Huit ans.
    Huit ans s'étaient écoulés depuis la mort de Caterina.
    Huit ans que Guiliano poursuivait son projet insensé visant à transformer la société Belmontienne.

    Les idées et tentatives s'étaient succédés, et les échecs avaient été nombreux. Agissant toujours dans l'ombre, il avait tenté de corrompre, convaincre, menacer, aider, détruire et créer ce que les Patronus avaient établis bien des siècles auparavant. Devant l'immensité de cette tâche, un homme seul aurait sans nul doute vacillé et chuté en oubliant ses convictions premières, comme cela avait été le cas autrefois du Consigliere Fenice. Si Guiliano parvint à tenir bon jusqu'à aujourd'hui, ce fut en grande partie grâce au soutien sans faille que lui accordèrent Maria et Claudia. Les jumelles furent les seules femmes à qui le Prince Fenice ouvrit son cœur suite à la tragédie qui avait frappé Caterina. Il en vint parfois à se demander même si, pour des cousins, leur relations ne devenait pas parfois trop intime... Mais son esprit avait bien d'autres préoccupation.

    Guiliano se révéla être un contremaitre dur et exigeant dans la gestion de l'Armeria, le principal chantier naval de Belmonte, mais toujours juste et équitable, de telle sorte que l'on n'eut jamais rien à lui reprocher sur ce point. Durant les huit années passées sous son aile, le blason des Fenice récupéra l'éclat qu'il avait perdus depuis la mort de leur précédent dirigeant. Débarrassés de la conjuration tramée par le précédent Consigliere, les Fenice purent de nouveau revendiquer avec fierté leur appartenant à la famille du Phénix. Sans réels ennemis ni fidèles alliés, ils veillaient à se maintenir en bon termes avec toutes les autres familles nobles selon les vœux de leur dirigeant. Guiliano lui-même se révéla fort habile diplomate, de part son talent de beau parleur, son physique avantageux et la malice vive qui teintait chacune de ses décisions.
    L'homme en lui-même ne changea pas vraiment son comportement. Amical et joyeux, il était toujours amateur de bonne chaire et de belles femmes, bien qu'il ne parla jamais de mariages à quiconque malgré ses innombrables conquêtes qui entrèrent dans sa légende personnelle. Au fond de lui, le Phénix avait perdus cet espoir que les jeunes gens accordent à l'amour, car il était certain lui-même de l'avoir perdu à jamais. Faire se succéder les amantes était pour lui un moyen parmi tant d'autres de se protéger et de les protéger elles. Pour que plus jamais une autre femme n'ai à mourir pour lui. il fallait faire croire qu'il ne leur accordait aucune importance véritable. Montrer le moindre attachement à l'une d'elle aurait pu mener à une nouvelle tragédie, et Guiliano voulait éviter cela à tout prix.

    Alors il les voyait ce succéder, ces femmes qu'il aimait chacune à sa manière sans pourtant jamais oser confier de nouveau son cœur. Il les appréciait pour pouvoir se sentir vivant, mais toujours avec une hypocrisie qu'il savait lui-même détestable.
    Il n'attendait plus rien de l'amour. Il se laissait simplement entrainer par le courant tumultueux de l'affection éphémère.

    Aussi, lorsqu'il partit un jour pour Agitazione pour rencontrer celle qu'on disait "Reine des Pirates" dans le but de lui proposer un marché bénéficiant autant à ses plans qu'aux désirs de pillages de ces bandits des mers, il s'attendait à voir apparaitre une femme qui ouvrirait un chapitre de plus dans l'histoire de ses amours. Reconnaitre en cette Reine des glaces celle qui, autrefois, l'avait blessé au visage lors du raid fatidique d'il y a 10 ans ne changea rien à son impression. Il tenta, lors de cette première entrevue, quelques remarques placées en divers occasions pour susciter une réaction encourageante chez elle, mais rien n'y fit. Le défi que "Masque-des-Hivers" lui proposait était véritablement de taille. Loin de se décourager et d'abandonner la partie, Guiliano se promit de retenter sa chance autant de fois qu'il le faudrait, et ce fut sur cette pensée qu'il mit fin à son bref séjour à Burano, empruntant un navire clandestin pour regagner Belmonte aux côté de Claudia, qui l'avait accompagné.

    Ce fut sur le pont de ce navire que quelque chose changea. C'était quelque chose d'infime. Si insignifiant qu'il aurait pu paraitre sans importance. Mais pour Guiliano cela signifiait énormément, même si lui-même ne savait pas exactement quoi.

    Cela commença pas un souffle porté aux oreilles du Fenice. Il aurait pu s'agir du vent, mais bientôt une intonation vibrante vint se joindre à ce souffle et une voix exquise vint l'embaumer pour résonner en lui dans chaque parcelle de son corps. Guiliano se retourna brusquement pour tenter de localiser l'origine de ce chant saisissant, mais celui-ci semblait envelopper le navire comme une aura fantastique. Personne d'autres que lui ne réagit à l'étrange mélopée, et quelque chose en son tréfonds se brisa à son écoute. Une faille de son cœur qu'il pensait colmatée depuis longtemps se fissura et des sentiments qu'ils pensait avoir oublié se déversèrent en lui comme si la digue qui les retenait avait été rompue. Les larmes se mirent à couler de ses yeux sans qu'il puisse ni ne cherche à l'en empêcher, si bien que Claudia remarqua finalement la mine ébranlée de son cousin et Prince et s'en inquiéta.

      « ... Guiliano? Que t'arrive-t-il? »

      « Tu ne l'entends pas? »

      « De quoi parles-tu? »

      « De ce chant... De ce cri de détresse poussé pour faire revenir à soit ce qui comblera le vide de son cœur... De cette voix brisée qui appelle désespérément quelqu'un... »


    Pensant qu'il s'agissait d'un nouvel élan poétique de son cousin, Claudia haussa un sourcil et recula de quelques pas, suspicieuse. Guiliano n'y prêta aucune attention. Il ne faisait que fixer l'île des pirates avec un regard plus flamboyant qu'il ne lavait été depuis prêt d'une décennie.
    Quelqu'un l'appelait.
    Il en était certain.

    ~¤° Fine del Principio


Dernière édition par Guiliano A. Fenice le Jeu 25 Nov - 22:20, édité 7 fois
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Ludovico III Leone

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Guiliano Andrea Fenice _
MessageSujet: Re: Guiliano Andrea Fenice   Guiliano Andrea Fenice Icon_minitimeMer 27 Oct - 21:18

Bon, j'avais attendu cette fiche avec une certaine impatience, j'avoue.

... et après lecture, je ne suis vraiment pas déçue! Décidément, tu as l'art de me sortir des personnages de derrière les fagots qui me plaisent beaucoup, avec une personnalité qui me plait. L'histoire est vraiment captivante, j'ai pris un plaisir énorme à la lire, puis... à la relire. Et la relire une troisième fois. Tu as vraiment là un Background très développé, avec de la joie, de la tristesse... j'aime vraiment beaucoup, on vois comment le personnage -pour qui j'ai un faible (TG Femto --->)- s'est forgé.

Je ne peux donc que te valider très vite en espérant voir Signore Fenice jouer sur le forum, et peut-être même à l'Event.

Chapeau bas mister pour cette fiche qui m'a collé la chair de poule et des trémolos dans la voix.

Une fiche... de l'Enferrrr!!!!
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MessageSujet: Re: Guiliano Andrea Fenice   Guiliano Andrea Fenice Icon_minitime

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