A un jeune virtuose qui berça un soir une Dame fatiguée d'errances.Vous ne vous en souvenez peut-être pas. Mais une nuit, un jeune maestro joua pour moi. Ce muet mélomane me donna plus douce symphonie que jamais je n'obtins.
Je vous ait longtemps cherché, soupirant après vos talentueuses trilles qui me firent vibrer alors. Des mois ne furent pas de trop pour obtenir votre identité. Finalement j’eus un nom à mettre sur un simple souvenir que je chéris déraisonnablement, le vôtre Alvise Demetrio Leone.
De mon nom, je ne vous donnais alors que mon prénom, Cruzio. Peut-être vous souvenez-vous mieux à présent.
En vérité, je suis la tête de la Famille Serpente mais notre rencontre ne se prêtait pas à ces aveux puisque nos Familles s'opposent plus souvent qu'elles ne s'unissent.
Je ne regrettais de ces moments que d'être partie sans l'assurance de vous revoir. Vous ne parlez pas, Alvise, mais votre musique traduit de doux vers qui sonnèrent pour moi comme le plus courtois discours.
Pardonnez ma maladresse, je suis fébrile à l'heure où j'écris ses lignes. Car je n'ai eut de cesse, tendit que je vous cherchais, de rattraper les années de mon apprentissage du piano.
Vous parlez de si belle manière, sans le secours des mots, qu'ils m'apparaissaient superflus pour vous remercier de vos attentions d'alors. Mes médiocres progrès me permettraient peut-être d'espérer vous revoir pour vous donner quelques pauvres symphonies, bien faibles au regard de votre talent.
La musique ne ment pas, et je ne veux vous mentir, vous qui êtes pourtant mon opposé en tout.
Alors laissez-moi jouer pour vous comme vous jouâtes pour moi. Parce que ce souvenir, chéri entre tous, me ramène à vous alors que vous m'aviez sûrement oubliée. Pourquoi penseriez-vous encore à cette vieille femme qui fut, tel le reptile par la flûte, charmée par vos arpèges lors d'une jolie lune complice ?
Votre obligée,
Cruzio Anima Serpente.