Sujet: Re: Journal d'une courtisane [Cordelia Gianni] Jeu 6 Jan - 18:02
J'ai voyagé dans un autre monde. C'était ce soir même. J'en suis encore toute retournée, au point de te rouvrir, toi mon vieux journal. Ma dernière plainte remonte à des années ! Les feuilles ont mêmes jaunies. Mais ce soir, j'avais envie d'écrire. Pour mettre un peu d'ordre dans ma tête, aussi.
Le crois-tu, cher journal ? Aujourd'hui, j'ai une nouvelle amante. Une autre Pavone, un paon au plumage étrange. Ugolina.
Je m'en réjouis et en même temps je reste craintive. Cette femme se complaît à être un monstre ; elle est douce dans ses gestes et ses paroles mais ses desseins semblent horribles. Elle m'a promis douceur et bonheur ; j'ai décidé de lui faire confiance. Néanmoins, vu son maniement de l'arte canale, j'ai peur. Peur de faire une erreur et qu'elle me défigure. Peur qu'elle se joue de moi.
Quoi qu'il en soit, aujourd'hui est un grand jour ; je remporte double gloire. D'un côté Selen, de l'autre Ugolina. Je suis véritablement comblée de succès et de luxure. Sur ce, je retourne à mes occupations ; mon livre m'attend.
Cordelia Gianni
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Sujet: Re: Journal d'une courtisane [Cordelia Gianni] Sam 29 Jan - 20:44
Selen est une traître. J'avais juré de respecter notre marché, et en échange elle m'avait promis louange et amour. La promesse qu'on se doit de faire à sa courtisane.
La vérité est que je n'ai reçu ni amour, ni louanges. Elle m'a déçue, trahie, reniée. Humiliée.
Je la déteste pour la première fois de ma vie. Ne dit-on pas que la haine et l'amour ne sont que deux faces d'une même pièce ? En cet instant je ne sais plus. Je voulais lui être loyale, non pas éternellement, mais le plus longtemps possible. Je sais très bien que je n'aurais jamais pu rester sa courtisane toute ma vie. Mais quitter dignement sa courtisane et la renier de la sorte... Me traiter comme une garce, une traînée...comme une vulgaire écarteuse de pattes ! Va au diable, Selen, tu n'es qu'un monstre !
Elle a beau se montrer fière, elle reste un lys sans sentiment. Elle peut bien dire de sa soeur aînée ; finalement, elle sont identiques. L'une est simplement plus "normale" que l'autre. Son geste m'a simplement paru puéril.
Et maintenant... Maintenant, vais-je finir comme ma mère ? Mise à la porte, seule, sans rien pour me rattraper ? J'ai au moins la chance de ne pas finir défigurée comme elle.
Mais Mère...pauvre Mère...Je vous ai promis, à votre mort, de vous honorer, de vous dépasser. Je ne peux le faire si je suis mise à la porte... Je ne peux pas perdre...
Demain, j'irai voir Ugolina. J'en mourrais d'envie depuis des jours, mais n'osait la déranger sans qu'elle m'est demandée. Seulement, j'ai une faveur à présent. Je n'ai pas d'autre choix si je veux respecter ma promesse. Mais j'ai si peur qu'elle se moque de moi... C'est un personnage si étrange, comment savoir ce qu'elle pense ? Si, comme sa soeur, elle ne va pas me trahir ?
Je suis peut être trop émotive... Faire de cette histoire tout un fromage... Mais c'est juste que je suis une femme de parole. Ne pas tenir parole est déshonorant. Une femme comme moi ne supporte pas le déshonneur. Et je me vengerai de Selen.
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Journal d'une courtisane [Cordelia Gianni]
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