Belmonte
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 Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé

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Sperenza I. Gian

๑ Cigno all'anima rotta

Sperenza I. Gian

◊ Messages : 112

Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé _
MessageSujet: Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé   Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé Icon_minitimeSam 12 Mar - 2:36

    ₪ CARTE D'IDENTITE ₪

    ۞ Nom : Cigno (nom de jeune fille)/ Gian (nom marital)
    ۞ Prénom(s): Sperenza Ilda
    ۞ Surnoms : LA lame, Cœur Glacé et Enza pour les intimes (ceux qu’il reste)
    ۞ Âge : 45 ans
    ۞ Sangue Nobile : Serenata
    Spoiler:
    ۞ Statut : Garde du corps itinérante
    ۞ Rang social :Classe moyenne, ses services étant plutôt bien rémunérés.
    ۞ Orientation sexuelle : Hétérosexuelle

    ₪ ASPECT PHYSIQUE ₪


    ۞ Physique : Grande et longiligne, Sperenza est ce qu’on pourrait appeler une asperge. Du haut de son mètre soixante-quinze et de ses 65 kilos, la Cigno est plutôt bien conservée pour son âge, s’entretenant physiquement. Elle est, de part son métier, musclée et sèche, sa musculature forgée pour être rapide et puissante afin de combler son handicap : Il lui manque le bras gauche. Sa poitrine n’est pas opulente, sa minceur harmonisant la totalité de son corps. Il en va de même de sa féminité. Son visage ovale est fin, son nez droit, ses yeux d’une couleur gris perle et ses lèvres juste convenables. A peines bombées mais toujours légèrement descendantes vers les commissures. Elle a de longs cheveux blancs et raides qui ne sont pas dû à son âge mais bien parce qu’elle appartient à la famille du Cygne. Sa peau est pâle qu’on pourrait la croire faible tellement elle semble fragile. A ne point s’y fier.

    ۞ Allure : L’allure de Sperenza ? Un glaçon sur deux pattes. Rigide dans sa démarche presque fantomatique tellement ses pas sont légers. Le visage toujours durci par une expression qui oscille entre la peine et la colère. Ses sourcils semblent éternellement froncés qu’on se demanderait presque si elle n’était pas née comme cela. La tête droite, ses membres près de son corps, sa démarche en impose. Généralement on se tait lorsqu’elle passe. Ses entrées sont quasiment toutes suivies d’un silence, sa présence écrasante jetant un froid glacial. Son regard paraît toujours accusateur et pénétrant, comme si elle vous sondez à chaque fois qu’elle pose les yeux sur vous.

    ۞ Goûts vestimentaires : Efficace et pas coquette, Sperenza aime être à l'aise pour se déplacer. Des pantalons lui collant aux corps ou seulement son maillot de corps avec de grandes bottes lui arrivant jusqu'à mi-cuisses, le Cygne n'aime pas être embêtée par des fanfreluches, plus cela est près du corps, mieux c'est. Elle porte des jarretières et des lanières de cuir qui lui servent de ceinture mais également à maintenir son unique épaulette, de cuir également, afin qu'elle ne tombe pas.
    Cela pourrait paraître vulgaire mais au vu de son attitude de marbre, on ne prête plus trop attention à sa tenue. Elle porte un canon de bras fait d'un tissus assez rigide et de cuir, lui apportant un meilleur maintient lorsqu'elle manie son épée longue. La seule particularité réelle à laquelle elle tient, c'est sa cape sombre qu'elle porte constamment, généralement on ne voit pas son corps car caché par ce tissus lourd qui l'entoure.

    ۞ Signes particuliers : Elle n'a qu'un bras.

    ₪ INFORMATIONS PSYCHOLOGIQUES ₪


    ۞ Généralités : Sperenza n'a plus rien à perdre. Sa vie ? Elle ne tient qu'à un fil qu'on appelle la vengeance. Ses intérêts personnels ayant disparut, elle ne vit plus, elle survit. Elle n'est pas aimable, obéit à ses conditions et peut être têtue. Toute chaleur ayant quitté son coeur depuis bien longtemps elle est plutôt insensible face aux autres : joies, peines, détresses, plus rien n'est important. On pourrait même considérer son comportement comme brutal, ne prêtant aucune attention envers ce que ressente les autres. Elle semble d'ailleurs comme une coquille vide, dénuée de tous sentiments. Elle n'est pourtant pas cruelle ni sadique, même en tant que garde du corps, si elle doit tuer pour sauver son maître, elle n'y prendra pas plaisir. Elle accomplit uniquement son devoir. La vie ou la mort, tout n'est qu'une question de frontière. Le seul sentiment qui lui reste est la haine, une haine viscérale envers la famille Serpente qui lui a brisé sa vie entière.

    ۞ Vices : Serrer parfois ses bottes ou ses vêtements à un tel point que parfois le sang ne lui coule plus dans ses membres, sentant la douleur envahir son corps, elle a l'impression d'être toujours en vie.

    ۞ Aime : Ses souvenirs, sa soeur, sa fidèle épée qui ne la quitte jamais et plus rien d'autre maintenant.

    ۞ N'aime pas : Les Serpente, c'est la seule chose qu'elle déteste profondément.

    ۞ Sociabilité :Autant dire aucune. Elle n'aime pas le monde, les gens, ils sont insipides et sans intérêt.

    ₪ HISTORIQUE ₪


    ۞ Passé : Voir second post

    ۞ Famille :
    - Falco Gian : Son époux (Décédé)
    - Esméralda Gian : Sa fille (Décédée)
    - Abigaïl Cigno : Sa soeur, bonne-soeur, 34 ans
    - Ensemble de la famille Cigno : Cousins, cousines, frères, père, mère, tantes et oncles (décédés)

    ₪ ET VOUS ALORS ? ₪


    ۞ Comment avez vous découvert le forum? J’y passe de temps à autre, polluant le flood sous ma première forme =P
    ۞ Que pensez vous de ce dernier? Immonde, trop rouge, trop de monde, pff
    ۞ Comment définiriez vous votre niveau RP? Moyen
    ۞ Quelle sera votre fréquence de passage? Tous les jours au moins pour flooder et minimum une fois par semaine pour faire une réponse.


Dernière édition par Sperenza I. Gian le Ven 6 Mai - 2:04, édité 2 fois
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Sperenza I. Gian

๑ Cigno all'anima rotta

Sperenza I. Gian

◊ Messages : 112

Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé _
MessageSujet: Re: Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé   Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé Icon_minitimeLun 28 Mar - 10:57

La Vie, un spectacle en plusieurs actes …


Acte I ]- Le Lac des Cygnes


L'hiver, cette année là, était particulièrement rude, la neige tombait en épais flocons sur les toits des maisons et des Palais luxuriants. Le manteau de la Dame de Glace avait recouvert le paysage, le transfigurant à un tel point que Belmonte paraissait immortalisée. Une autre facette de la ville aux multiples couleurs. Elle n'était plus qu'un dégradé de blanc, si pur par moment, étincelant et brillant, que cela vous brûlait les yeux. Sous ce paysage cotonneux, une famille aussi blanche que le Cygne dont elle portait le nom, accueillait un nouveau membre. Sortant à peine du ventre de sa mère, de son oeuf protecteur, une enfant rendit l'espoir à ses parents : Sperenza, tel était son nom. Au départ convaincu de leur stérilité, le jeune couple que formait Umberto et Rosalia Cigno avait perdu toute envie de fonder un foyer. Les premières années de leur mariage fut un échec à l'enfantement, mais durant un été et l'automne qui le suivit, le ventre de Rosalia s'arrondit bien heureusement et l'hiver sonna la venue de la descendance.

Cinq années après Sperenza, naquit deux garçons, des jumeaux, Vittore et Sergio. Des blondinets à l'allure de poupons, avec des grands yeux bleus profonds et une peau de lait. Vint le tour d'Abigaïl six ans plus tard, dernière enfant de cette lignée. Des cheveux couleurs de blés, blond soyeux et chaleureux cachant un regard de glace, si bleu, si clair que l'on aurait pu croire à du cristal. Ainée de toute cette marmaille pleine de vie, Sperenza prenait son rôle de grande soeur très au sérieux. Aidant leurs parents dans leur éducation et veillant sur ses frères et soeurs comme sur les trésors les plus chers. Elle grandit bien vite dans sa tête même si son corps avait du mal à se développer. Plutôt chétive et maladive, la jeune enfant semblait être atteinte d'une maladie retardant sa croissance.

Ses longs cheveux pâles, presque aussi blanc que sa peau glacée, encadraient le visage triste du jeune Cygne qui n'avait pas le droit d'aller jouer dehors comme tout le monde. Ses frères, plus petits mais tellement plus vifs, semblaient l'avoir déjà dépassée en taille et en poids malgré leur cinq années de différence. Ses yeux perlés toujours dans le vague, le visage collé à la fenêtre, elle attendait avec impatience que son corps se réveille et qu'enfin, elle puisse jouir des mêmes plaisirs innocents des enfants de son âge. Mais le temps était long et son seul passe-temps était le chant. Seule dans sa chambre, elle chantait des mélodies qu'elle avait entendue durant les bals et autres moments musicaux. Depuis sa plus tendre enfance, Sperenza possédait une des plus belles voix des Cigno, adultes et enfants confondus. Elle possédait ce don qu'était d'émerveiller les âmes, faisant sourire ou pleurer sans même utiliser ses pouvoirs de Famille. Les femmes de la Famille décidèrent alors de la former au dur métier de cantatrice. Un si beau joyau ne pouvait rester dans un écrin si longtemps.


Acte II ]- Une Diva


Les saisons défilèrent et le temps fit enfin son office. La si petite et fragile Sperenza déploya ses ailes, son corps se muant à l'adolescence. Maintenant grande, élancée mais toujours à l'aspect fragile, le jeune Cygne était une jeune fille pleine de grâce à la voix pure mais puissante. En grandissant, elle avait trouvé la joie de vivre comme ses pairs, pouvant profiter pleinement de ce que lui offrait la Vie. Jouer avec ses frères et soeurs, les choyer et les protéger. Elle était devenue ce qu'elle avait toujours rêvé d'être. Eternellement calme et sereine, son visage semblait moulé dans de la porcelaine fine, sa beauté froide n'en était pas moins déconcertante et lorsqu'elle chantait … L'on ne pouvait rester impassible face aux émotions qui envahissaient votre être le plus profond. Avec l'aide de ses tantes, elle développa son don et devint très rapidement une cantatrice reconnue.

A ses 16 ans, la petite troupe que formait deux de ses tantes et un de ses oncles castrat décida de partir s'aventurer hors de Belmonte pour une « tournée » afin de roder la plus jeune. Ils prirent la mer et posèrent le pied tout d'abord en Jazerath. Le peuple qui y vivait était ignorant de telles mélodies. La voix chaleureuse de Sperenza les ravi, même plus que cela, les enchanta. C'était généralement ce que provoquait sans le savoir la Cigno, de l'émerveillement à chaque note. Durant leur séjour, ils rencontrèrent bon nombres d'artistes, leur communauté s'agrandissant alors de quelques musiciens et chanteurs de choeur. Les nouvelles compositions qu'ils créèrent ensemble étaient purement fabuleuses. Les tons orientaux donnaient une nouvelle dimension à leur art. Ravissant les oreilles du public le plus difficile.

Leur voyage sur les terres Jazerath dura près de quatre mois, après cela la troupe continua son chemin initiatique vers la Francia. Un Pays qu'on disait raffiné et avide d'art. Ils ne furent pas déçus. Rien que la capitale était fantastique, elle leur rappela étrangement Belmonte, haute en couleur, une population assez remuante et cosmopolite. C'est là que le groupe découvrit le grand Opéra. Ils furent bien sûr rapidement conviés à s'y produire, la grâce de leur chant subjuguant le propriétaire. Ils y firent des prestations aussi exceptionnelles les unes que les autres.

Alors que leur notoriété montait en puissance, on leur demanda de rendre hommage au Roi de Francia et de lui faire le plus beau spectacle qu'il n'avait jamais vu. Le soir de la représentation arriva bien vite et comme tant espéré, elle fut magnifique. Le Souverain enchanté. Dans l'assemblée présente, Sperenza crût reconnaître un jeune homme qu'elle avait souvent vu fréquenter l'Opéra. Il était présent presque tous les soirs. Son sourire satisfait et enchanté remontait jusqu'à ses oreilles. Il savait qu'elle l'avait reconnu et lui donc ! Cela n'était pas un hasard qu'il se trouvait aux côtés du Roi, ni même qu'il passait ses soirées à l'Opéra. Ce jeune homme s'appelait Falco Gian et était fils d'un Duc François et d'une aristocrate Bullunienne. Il avait vécu quelques années sur les terres natales de sa mère et connaissait la réputation des Cigno quand à leur art. Il était lui-même devenu un talentueux ténor.

Lors du bal donné en leur honneur dans le Palais du Roi, Falco aborda la jeune fille encore âgée d'à peine 16 hivers. C'est un bel homme qu'elle vit s'approcher d'elle, des cheveux châtains clairs encadraient son visage carré et ses yeux couleur olive. Il se présenta donc comme l'héritier du titre de Duc et était enchanté de rencontrer une chanteuse de la famille du Cygne. Elle était belle, charmante, incroyablement douée et surtout : Noble. Il en était tombé immédiatement amoureux en croisant son regard de perle. Trop timide pour accepter ses sentiments, Sperenza n'en était pas moins heureuse. Elle aussi le trouvait charmant et talentueux. Seule ombre au tableau … Elle ne ressentait pas pour lui ce sentiment si intense qu'on lui avait décrit : l'appel de l'âme soeur. Falco n'était qu'un homme comme les autres, ni plus ni moins, mais elle l'aimait.

Quatre mois de romance passèrent et les amoureux devaient déjà se quitter. Les Cigno et leurs compagnons Jazerath devaient retrouver leur Belmonte, les accompagnateurs décidant de migrer vers Bulluno. Ce n'est pas sans peine et sans larmes que Sperenza quitta les bras de Falco en remontant sur le bateau qui l'arrachait à lui. Mais tel était le destin, il était François mais plus important, il n'était pas son âme sœur. Lorsque le pont se retira et que le navire s'éloigna du port, le jeune homme n'eut de cesse de hurler qu'un jour, il la retrouverait.


Acte III]- Une Etoile


Le retour à Belmonte fut douloureux pour Sperenza, son cœur n'appartenant qu'à Falco, cet étranger, cette âme qui n'était pas sœur de la sienne mais qui pourtant lui broyait la poitrine à chaque fois qu'elle y repensait. Ses parents se demandaient quoi faire, elle n'était pas malade : elle était juste amoureuse. Fallait il laisser le cygne voler seul, en dehors de sa cage ou fallait il au contraire, le préserver et le ramener à la raison ? L'un dans l'autre, un jour elle en souffrirait. Si la jeune fille trouvait son âme sœur alors que son cœur est engagé avec un autre, quel impact cela pourrait-il avoir sur sa psyché, sur sa musique, sur sa vie.

Sperenza était trop gentille pour faire du mal aux autres, elle ne le supporterait pas. Cependant, sans que personne ne le sache, elle entretenait une correspondance avec son François d'outre mer, leurs écrits traversant l'océan pour parvenir toucher leurs coeurs. Après deux ans d'échanges de lettres, le jeune homme ne résista plus et prit le premier bateau qui se présenta à lui. L'élément déclencheur ? Sperenza ne chantait plus, elle ne le voulait plus.

Le pied de nouveau à Belmonte, Falco courut en direction du Palazzo Cigno, son baluchon sur le dos, ses vêtements très différents de ceux d'un Duc. Il frappa à la porte tout essoufflé, en sueur, ses habits crasseux mais son sourire ne pouvait pas être plus lumineux que lorsqu'il aperçut Sperenza descendre les escaliers en toute hâte. Le majordome n'eut même pas le temps de lui demander son nom qu'il se retrouvait déjà dans les bras de sa belle. La serrant tout contre lui après ces deux ans qui lui en parurent dix. Les larmes leurs montèrent aux yeux en même temps qu'un genou à terre, une magnifique bague dans un écrin de velours, Falco demanda Sperenza en mariage. Pas une seconde d'hésitation, la jeune fille se jeta à son cou en lui pleurant dans les oreilles un nombre incalculable de fois un « oui » de joie, un « oui » pour la vie.

Bien que premièrement réticents, la famille Cigno ne put s'opposer longtemps au désir des jeunes fiancés de vouloir s'unir. Falco apprit bien vite le pourquoi mais il n'en avait que faire. Seul comptait le présent à ses yeux et épouser Sperenza était la seule chose qu'il souhaitait, quand bien même une épée de Damoclès demeurerait toujours au dessus de sa tête. Si l'âme sœur de son aimée se manifestait, il devrait lui céder sa place en quittant sur le champ Belmonte , bien qu'il chérissait sa future épouse. Cela ne l'effraya pas pour autant, acceptant les termes du contrat que lui dictait l'impassible famille du Cygne.

Les noces eurent donc lieu un an après la théâtrale demande en mariage de Falco. En ce si beau jour, les époux interprétèrent un duo dont beaucoup se souvenaient malgré les années qui s'écoulèrent. Sperenza avait reprit le chant, l’opéra lui ouvrait les bras. Une fois prête, elle était devenue une soliste confirmée, réjouissant le cœur des plus coriaces publics. Le couple découvrit bien vite qu’en unissant leurs vies mais aussi leurs voix, rien de plus merveilleux ne pouvait leur arriver. Jusqu’au jour où la Cigno apprit qu’elle était enceinte.

Neuf mois passèrent et c’est une magnifique petite fille qui pointa le bout de son nez. Esméralda, le soleil de leur existence. Elle avait la peau si pâle et si fine mais ses gazouillis et ses sourires rassuraient ses parents quant à son état de santé. Si les Cigno paraissaient constamment malades, cela n’était dû qu’au fait que leur température corporelle était plus basse d’un ou deux degrés. Rien de plus. La petite à moitié cygne avait hérité de cette spécificité qui lui venait de sa mère. A première vue, elle ressemblait trait pour trait à Sperenza enfant. Son père en était ravi. Les premières années de la fillette se firent dans la sérénité la plus absolue. Elle était vive et dynamique, aimant jouer avec ses oncles et tante et grands-parents, elle était plus que choyée, peut être même gâtée.

Tout était si merveilleux que la frontière entre la réalité et le rêve était mince, si mince que l’harmonie que vivait le couple Gian et leur enfant semblait s’éterniser dans le temps comme une scène que l’on immortalise en peinture.

Mais rien n’est éternel. Tout à un prix, et celui du bonheur est peut être le plus dur à payer.


Acte IV]- Le chant du Cygne


Le vingt-cinquième hiver de Sperenza arriva, la routine de sa vie toujours aussi fleurie, toujours aussi savoureuse. Pas de nuage à l’horizon, Falco était un homme merveilleux, un époux et un père bienveillant et Esméralda une enfant attendrissante, sa bouille de poupon emplissait le cœur de sa mère de tellement de joie. La fillette fêterait bientôt ses 4 ans et rien ne pouvait ternir cette page de leur histoire.

Cela était sans compter ce qu'il se tramait dans l'ombre. Les cousins des Cygnes, les Leone, fomentèrent un complot afin de mettre un terme à la querelle incessante et la peur qui les rongeaient. Les Cigno possédaient une terrifiante magie et il ne fallait en aucun cas qu'ils puissent user de leur pouvoir à de mauvaises fins. C'est alors qu'une manigance s'échafauda du côté des Lions. Ils firent en sortent que leurs nobles serviteurs, les Serpentes, intègrent la famille Cigno et la démontent de l'intérieur. La Dominio étant redoutable, même pour les plus puissantes familles.

C'était une nuit comme les autres, les chandeliers encore allumés dans l'entrée et le grand salon. Esmeralda entonnait des paroles improvisées sur un air de piano que son père jouait sur le grand instrument à queue tandis que sa mère, dans un grand canapé victorien, les écoutait en lisant un bon livre. Une soirée ordinaire pour une famille ordinaire qui ne demandait rien de plus que de vivre des instants semblables tout au long de leurs vies.

Abigaïl et les Jumeaux étaient tranquillement en train de jouer aux cartes sur la petite table dans le coin du salon et les grands parents, somnolents,écoutaient les notes sortir du piano. Un fracas les réveilla, un cri étouffé les fit sursauter et des pas saccadés de course les effraya. Dix hommes, tous masqués, avaient pénétrés dans l'aile du Palazzo qu'occupait la famille de Sperenza.

Les hostilités débutèrent par le râle des domestiques qui avaient accourus pour sauver leurs maîtres, leur sang s'étalant sur le carrelage bleu glacé de la pièce si chaleureuse d'il y a avait quelques minutes. Instinctivement, Esmeralda courut se réfugier dans les bras de sa mère qui, se levant d'un bond, fuyait déjà en direction de la cuisine qu'elle savait ouverte à l'arrière. Falco lui enjamba le pas, la poussant par la taille, l'effleurant de ses mains tremblantes. Il était chanteur, pas guerrier et la seule chose qu'il pouvait faire pour protéger les siens était de fuir comme un couard et d'espérer qu'ils s'en sortiraient tous.

Les parents de Sperenza, plus courageux, tentèrent grâce à leurs voix de briser les Serpente qui les avaient assaillis. L'extrême crescendo qu'utilisait la Matriarche réussit à défaire une des bêtes à langue fourchue mais une autre avait déjà tranché la gorge de son âme soeur avant qu'elle ne puisse s'occuper d'un autre attaquant. Les grands parents finirent dans leur propre sang, tombant l'un à côté de l'autre, leurs mains se rejoignant, leurs doigts s'entremêlant avant de rendre leur dernier souffle.

Les Jumeaux Vittore et Sergio essayèrent de s'interposer également, maîtrisant les armes, ils étaient de valeureux gradés de la Marine. Ils se dirent que si quelqu'un devait venir à bout de ces Serpents, c'étaient eux. Mais la Dominio est bien cruelle et c'est de leurs armes respectives que les deux frères s'entretuèrent, les larmes leur coulant sur les joues tandis qu'ils enfonçaient leurs lames dans les chairs de leur chair.

Sperenza pleurant ce qu'elle pouvait tout en essayant de ne pas montrer son effroi à sa fille, trouva refuge dans la cuisine mais les Serpente avaient bien préparé leur coup. Ils avaient verrouillés toutes les issues. S'excitant sur la poignée pour tenter de la faire céder, rien à faire, cette fichue porte ne s'ouvrirait jamais. Acculés contre leur dernière chance de s'en sortir, Falco tenta lui aussi de briser la poignée mais toute chance semblait les avoir quitté. Deux Serpents aux regards verts pénétrant entrèrent à leur tour, calme, leurs lames tâchées du sang des serviteurs.

L'instinct protecteur de Falco se réveilla, il ne permettrait pas que l'on touche à un seul cheveux des deux prunelles de ses yeux. Esméralda criait, ses pleurs assourdissant dans le cou de sa mère qui tentait de la calmer alors qu'elle regardait son valeureux chevalier se saisir d'un énorme couteau de cuisine et foncer droit sur les hommes en noir. La coupure fut nette et précise, le sang éclaboussant dans sa trajectoire le mûr blanc et immaculé. Sperenza ne put s'empêcher de hurler, serrant encore plus contre elle le corps frêle de sa fille. Son être prit de spasme, le visage horrifié devant la chute sanglante de son mari. Tombant sur le sol, sans vie, une flaque pourpre envahissait petit à petit le sol carrelé.

Contre la porte, assise et impuissante, Sperenza tenta de chanter, tenta de faire tout ce qu'elle pouvait pour briser ces monstres qui lui enlevaient un à un tout ce qu'il y avait de plus précieux au monde. Mais ses pouvoirs trop jeunes n'avaient aucun effet sur les assassins. Dans sa tête résonnait une voix, une voix n'appartenant à aucun des deux poursuivant, cette voix se fit plus nette, plus cristalline. C'était Abigaïl qui hurlait et implorait l'aide de sa soeur, elle souffrait, sa véritable voix en écho avec celle de l'orateur fantomatique.

Paniquée, se sentait prise au piège, un traquenard mortel, Sperenza ne pouvait rien faire, elle était totalement impuissante, ses bras tremblants serrant au maximum sa fille contre elle. Ses pieds semblaient courir vers un abris imaginaire, griffant le sol, ses muscles se crispant. Un des hommes décida de terminer la basse besogne pour laquelle il serait largement récompensé et fit quatre pas rapide dans la direction de la Cigno qui instinctivement leva le bras pour protéger son enfant du danger. Le coup s'abattit si vite que la douleur ne lui vint pas tout de suite au cerveau.

Son bras gauche traînait sur le sol dans une mare de sang, mais ce sang pourpre n'était pas que le sien. Contre sa poitrine restait accroché le corps de sa fille, raidit par le coup que lui avait asséné l'homme. Son dos si frêle était fendu, le liquide carmin coulant abondamment de cette plaie béante, sa petite bouge fine se vidant également du fluide encore chaud qui dégoulinait sur le corps du Cygne amputé.

Prise d'une rage folle, la raison quittant son esprit, quittant ses pupilles glacées, la douleur psychologique prenant le pas sur la douleur physique, elle se leva d'un bond, faisant sursauter le Serpente qui recula d'un pas. En hurlant comme une démente, elle le poussa de son seul bras valide contre le mur, prenant sa tête pour la plaquer et l'assommer jusqu'à lui fracasser le crâne, les éclaboussures pourpres se dispersant au fur et à mesure des impacts à répétition. L'autre homme s'empressa de venir à son aide mais il était trop tard pour son compagnon et cousin.

La folie toujours dans ses yeux de perle, elle monta dans les aigües, hurlant à la tonalité la plus haute qu'elle le pouvait. Le Serpente plissa les yeux, preuve que ce son lui était désagréable. Se saisissant du sabre que tenait le cadavre à côté d'elle, elle utilisa la voix manquante pour doubler l'effet assourdissant de son chant de mort. Cela ne tarda pas à empêcher l'homme d'avancer, essayant vainement de se boucher les oreilles pour ne plus entendre ces notes si haut perchées qu'elles lui perçaient les tympans. Avec la même rage, Sperenza enfonça au plus profond du corps de son attaquant la lame de son confrère.

Sa main lâchant l'arme qui resta bien plantée dans le torse du Serpent, sa raison semblant lui revenir, elle tomba à genou comme l'homme qu'elle avait tué. Ses mains étaient salies par le sang qui lui dégoulinait sur les doigts et sur le poitrine. Mais son regard se dirigea bien vite vers le corps inerte de sa fille qui baignait dans sa propre hémoglobine. Saisissant le petit être dans ses bras, ses yeux laissèrent couler un torrent sur Esmeralda, mais l'eau salée ne pouvant la ramener à la vie, tout comme la peine de sa mère ne pourrait rien y changer.

S'accrochant à sa petite fille adorée, tentant de sortir de ce cauchemar, elle rampa, traînant son enfant avec elle pour s'approcher de la dépouille de son mari sans vie. S'épanchant sur lui, déversant son désespoir sur ses épaules maintenant froides, tout leur monde si merveilleux s'était écroulé en quelques minutes. Des minutes arracheuses d'espoir.

Tandis que ses pleurs et ses complaintes ne s'arrêtaient pas, la voix de sa soeur lui entra directement dans la tête. Abigaïl était en très grand danger, le volume plutôt faible et saccadé de sa respiration inquiéta Sperenza qui, malgré sa profonde douleur qui lui déchirait les entrailles, elle se résigna a emporter les corps inanimés de ses aimés. Récupérant le sabre qu'elle avait enfoncé dans le corps de l'assassin, elle s'avança déterminée jusque dans le couloir où une lumière vive de feu éclairait la chambre d'Abigaïl.

Serrant le manche avec une poigne de fer, son bras restant était ferme et froid, comme la mort. Avant de quitter la cuisine refuge, elle avait tenté d'arrêter au maximum l'hémorragie dû à l'amputation de son bras en se servant d'un morceau de la robe d'Esméralda. La colère et la rage la reprenant, l'adrénaline courant dans ses veines et faisait gonfler ses tempes, elle pénétra dans la chambre de sa soeur comme une furie. Deux hommes s'y trouvait, un l'a plaquait au sol alors qu'un autre, muni d'une torche, avait approché la flamme à à peine une dizaine de centimètres du visage de la benjamine Cigno qui hurlait de douleur, ses beaux yeux d'un bleu glacé, cristallins, brûlants. La proximité du feu la rendrait aveugle, aucune magie ne pourrait rétablir sa vue abîmée.

Les deux hommes se retournèrent alors vers Sperenza, au regard noir, elle se précipita sur eux, utilisant la même technique qui lui avait apporté la victoire sur leurs prédécesseurs, priant Abigaïl de hurler elle aussi en utilisant son pouvoir pour les déstabiliser. Bien qu'elle ne voyait ni ne comprenait rien, seule la voix de sa soeur fit foi. Les deux Cygnes élevèrent leurs chants jusqu'à atteindre des aigües si puissants que les Serpents se jetèrent à terre en tentant de boucher leurs oreilles fragilisées. Pendant ce temps de relâche, utilisant la même hargne avec laquelle elle avait pu enfoncer une lame dans le corps d'un homme, elle trancha les têtes près du sol, comme dans une supplique.

Leurs têtes roula sur le sol mais Sperenza impassible se dépêcha de relever sa soeur, tremblante et suffocante. Ses yeux la faisant terriblement souffrir, même ses larmes ne calmaient pas la douleur. Rien ne pouvait être fait pour la soulager. Sperenza en avait le coeur serré, les dents grinçant devant son impuissance. La torche que l'homme avait approché du visage d'Abigaïl avait roulé dans sa chute, consumant rapidement un rideau, la chambre s'emplissant de fumée, il était maintenant temps de quitter les lieux. D'autres assassins rodaient, il serait malvenu de mourir après tant d'effort pour survivre.

Soutenant Abigaïl du mieux qu'elle pouvait malgré son bras manquant, les deux soeurs rejoignirent la cuisine où le sang avait entièrement recouvert le carrelage blanc. Enjambant les corps inertes des derniers Cigno et Gian, Sperenza trancha la poignée de la porte de derrière, pénétrant dans la remise qui menait directement à l'écurie. Les chevaux étaient excités, ils se cabraient, hennissant et tapant leurs sabots sur le sol. Seule alternative, chanter pour les calmer. Sperenza entonna un air pour les tranquilliser, leurs pupilles injectées de sang, retrouvant le noir profond quotidien. Assagit, Sperenza pria Abigaïl de monter sur un des chevaux, la guidant. A son tour, il était bien plus difficile de grimper sur le dos d'une monture avec un seul bras. Après quelques tentatives, elle y parvint avec beaucoup de difficultés, sa plaie la faisant souffir énormément vu qu'elle forçait son corps à se mouvoir dans des positions peu communes.

Une fois sur leurs chevaux respectifs, Sperenza prit les rênes de sa soeur et les siennes avec elle et foncèrent dans la nuit sombre. Galopant jusqu'au port où elles trouveraient de l'aide, elles s'y dirigèrent sans crainte, leurs tripes se nouant dans leurs corps. Elles avaient tout perdu. Tout. Famille. Bien. Foyer. Tout partait en flamme. Mais l'instinct de survie les poussaient à quitter les lieux sans plus attendre. Quitter Belmonte. Quitter la ville de leur chute.


Acte V]- L'Exode


La nuit de leur fuite fut la plus longue et la plus atroce de toute leur vie. Sperenza guidait le cheval d'Abigaïl dans la nuit noire, leurs sanglots résonnant et tapant contre les parois des falaises du port. Elles avaient des relations chez les marins et elles comptaient bien s'en servir pour quitter le plus rapidement l'île qu'elles maudissaient maintenant. Elles trouvèrent refuge chez un vieux pêcheur qu'elles connaissaient bien, les approvisionnant régulièrement en poisson. Un homme très bon et très intègre qui, lorsqu'il vit arriver les deux jeunes femmes sur leurs montures, trempées de sang et de graves brûlures, ne put s'empêcher d'accourir à leur secours.

Ce vieil homme s'appelait Ricardo et la détresse des deux Cygnes lui fendit le coeur. Il ne chercha pas à comprendre le pourquoi du comment, le plus important étaient qu'il fallait les protéger quitte à passer pour un hors la loi. Les Cigno avaient toujours été de très bons clients, presque des amis avec les années passées à leur service. Ricardo était quelqu'un de très aimé et de connu, il demanda donc de l'aide à un ami médecin de venir examiner les jeunes femmes et de panser leurs blessures. Chose qui ne fit pas facile ni pour Abigaïl ni Sperenza. Toutes les deux allaient très mal, cela tenait du miracle qu'elles tiennent encore debout.

La benjamine avait définitivement perdu la vue, plus rien n'était possible pour elle. L'aînée également, une amputation aussi nette et qui avait traînée, plus aucun moyen d'y greffer une prothèse. Seuls les Pavone pouvaient encore accomplir un tel exploit mais leur savoir avait un prix et les Cygnes n'avaient plus rien. Il fallait dorénavant qu'elles vivent avec leur handicap comme une croix, tout cela parce que leur pouvoir était craint. Dans les faits, personne ne savait qui avait pénétré dans leur Palazzo, qui étaient ces hommes masqués. Les deux rescapées n'en savait absolument rien, elles n'avaient ni l'une ni l'autre aucun ennemi, elles étaient des chanteuses d'opéra, rien de plus, rien de moins.

Leurs blessures cicatrisaient à peine qu'il fallait songer à les envoyer loin de Belmonte, loin des gens qui voudraient encore une fois attenter à leurs vies. Ricardo prit son bateau de pêche et quitta le port de la capitale pour entreprendre un voyage beaucoup plus long et périlleux que celui qu'il avait l'habitude de faire pour ses tournées de pêche. Affaiblies et dévastées par les récents évènements, les deux Cygnes sur les flots ne parlaient plus, même entre elles. Pire encore. Elles ne voulaient plus chanter. Le balancement de la mer ne les berçaient pas, le voyage semblait interminable. Rejoindre les rives de Jazerath était elle une mission impossible ? Un pays ou un autre, rien n'avait plus d'importance. Tout ce qui comptait à leurs yeux s'était envolé, réduit en cendres et dispersé par le vent.

Le périple de Ricardo et de ses deux compagnes dura un peu plus d'un mois, le bateau de pêche étant petit et plutôt lent. Le port principal de Jazeraht apparut enfin devant leurs yeux. La beauté de la ville ni même du paysage ne réjouirent pas Sperenza qui fut pourtant transportée de joie la première fois qu'elle aperçu ces côtes aux saveurs exotiques. Ils posèrent le pied en terre Jazerath comme des étrangères. La notoriété que l'aînée possédait, elle ne la reconnut qu'en arpentant les marchés, la tête baissée, son unique épaule en avant, le dos voûté. Une habituée des représentations qu'elle donnait une dizaine d'année plus tôt n'avait pas oublié le visage du Cygne, même si maintenant une toute autre expression imprégnait ses traits.

La femme d'une quarantaine d'années eut pitié de leur air abattu. Les deux soeurs faisaient vraiment peine à voir. Elles avaient beaucoup maigries et leurs chevelures blondes étaient sales et ternies. Trop bonne, Houda ne pouvait laisser ces enfants errer comme des chiens dans les rues, sans nourriture, sans soutien, sans rien du tout. Avant de repartir pour Belmonte, Ricardo le pêcheur leur avait donné quelques sous, une grande fortune pour lui, une misère pour la plupart.

Houda prit sous ses ailes les deux jeunes Cigno, l'aveugle et la manchote. Elles n'auraient pas survécu longtemps sans son aide. Les mois passèrent, même une année, mais les jeunes femmes restaient coincées dans une espèce de mutisme pesant. Ne parlant jamais, se faisant comprendre rien qu'avec leur regard. La vie n'était pas facile pour leur « mère » adoptive. Un jour que la bonne dame demanda à Sperenza d'aller faire quelques courses, un incident survint au marché. Un enfant avait volé un croûton de pain sur un étal et s'était fait poursuivre et frapper jusqu'à l'agonie. Devant une telle scène, l'ancienne mère sentit son sang bouillir derrière son apparence de marbre. Avant que le dernier coup ne fut porté sur le garçonnet, elle se saisit du bras du bourreau, tentant de le retenir. Cela était sans compter sur la force phénoménale de l'homme qui d'un retour de la main l'envoya mordre la poussière. Elle était tellement faible qu'elle ne put riposter, son seul bras trop maigre pour se battre, pour tenter de faire quelque chose. Le simple effort lui valut une perte de connaissance, le soleil tapant sur son crâne.

A son réveil, Sperenza était couchée chez Houda, une compresse d'eau glacée sur le front, son corps sans force. Elle leva avec difficulté son bras valide mais cela était déjà un geste difficile au vue de son état. Houda arriva alors, chagrinée de voir les larmes couler du visage de celle qui était si joyeuse avant, qui apportait tant de joie. Comment en était elle arrivée là ? La bonne dame était trop pudique pour demander ce genre de chose. Sperenza ne bougeait pas, son regard perdu dans le vide et pourtant, ses yeux laissaient s'échapper les gouttes d'eau salée comme un torrent. Le souvenir du sourire de son enfant et celui de son mari était insupportable. Elle pleura des jours durant et plus encore lorsqu'elle apprit que le petit voleur de pain rassi était mort de ses blessures.

Houda n'en pu plus de ses larmes incessantes. Bien que silencieuse, la Cigno se laissait mourir. Elle ne pouvait supporter cela dans sa maison. Une énième fois elle vint au chevet de Sperenza pour lui faire la causette, espérant qu'elle lui réponde, sans vraiment y croire. Jusqu'au jour où :


- Tu sais ma fille, les choses les plus dures sont celles qui doivent vous forger. Si tu vainc cette épreuve tu seras plus forte. Les larmes ne guérissent rien, c'est en rebondissant qu'on avance.

- ….... Ce …. N'est pas …. juste.

Houda sursauta en réentendant pour la première fois des paroles sortir de la bouche de Sperenza. Elle n'avait pas perdu sa voix, rien n'était encore perdu.

- Rien n'est juste et ça s'appelle la Vie. Tu n'y pourras rien, ce qui arrive est dû au destin, tu n'as pas d'alternative.

- Je me ferais ma propre alternative.

Se levant en silence, ses larmes enfin sèches, elle quitta la maison de Houda durant 3 jours. Sperenza n'avait peut être pas parlé pendant un an, mais elle n'était pas devenue sourde. Elle savait que le fils d'Houda tenait une armurerie et qu'il était une fine lame, maniant l'épée depuis tout jeune. Elle se rendit chez Houssam, celui dont le nom signifait « Sabre tranchant », un épéiste mais également forgeron reconnu. Décidée à écrire sa propre histoire, elle implora le jeune homme de lui faire partager son savoir.

Après une lutte de mots acharnée, le brave fini par céder, trouvant la cause de Sperenza juste. Elle lui avait raconté son histoire, sa souffrance, tout ce qu'on lui avait arraché. Il ne put qu'acquiescer devant sa détermination. C'était décidé, malgré son handicap, elle saurait manier une épée, comme un homme, elle serait un bras vengeur. De retour dans la demeure d'Houda, le comportement de la jeune femme changea radicalement. Elle ne versa plus une larme depuis ce jour.

Ramenant petit à petit Abigaïl à la raison, elle aussi ayant perdu tout goût à la vie depuis le jour funeste de leur fuite, il a été décidé qu'elle intègrerait l'église. Elle devait perdre sa noblesse, il fallait qu'elle soit à l'abri de leurs poursuivants s'ils avaient continuer à les tracer. Malgré sa cécité et sa perte totale de volonté d'avancer, elle fit comme sa soeur le lui avait ordonné et à peine quelques mois passés dans un orphelinat suffit à lui redonner goût à son existence. Elle était de nouveau intégrée à une communauté, elle s'occupait des enfants qui l'adoraient. Elle était si douce et était devenue tellement plus posée. Sperenza ne regretta pas le choix qu'elle avait fait en l'envoyant loin d'elle quelques temps. Chacune devait se reconstruire avant de se retrouver.

De son côté, Sperenza commença l'entraînement avec Houssam, les premières années furent difficiles et à maintes reprises elle avait voulu tout arrêter, se sentant ridicule de vouloir venger des cadavres calcinés à des milliers de kilomètres d'elle. Des corps qu'elles ne pouvait plus étreindre. Des voix qu'elle ne pouvait plus entendre. Des chants qu'elle ne pouvait plus écouter. La poussant dans ses derniers retranchements, Houssam ne lâchait rien. Il sentait la haine gagner le coeur de sa disciple mais il ne pouvait s'empêcher de l'aider. Après tout, ce n'était pas son combat, lui n'était que le professeur, elle ferait ce qu'elle voudrait du savoir qu'il lui apprenait.

Les années filèrent à une vitesse folle, bientôt dix longues années passées sur les terres Jazeraths. Avec le temps, le maniement des armes devint courant pour Sperenza qui s'améliorait de jour en jour, ses efforts payant enfin. Le sang et la sueur continuaient de couler mais sa détermination n'avait plus été ébranlée depuis 5 ans. Ses semaines se ressemblaient toutes, elle travaillait à l'armurerie avec Houssam toute la journée, puis après la fermeture il l'entraînée et le dimanche, elle allait rendre visite à Abigaïl.

Une fois que le Maître la sentit prête, il décida de faire d'elle une véritable guerrière. Au début ils se rendirent à l'armée, pour qu'elle puisse s'enrôler mais son bras manquant fut plus qu'un obstacle. Puis l'idée germa. Puisqu'elle ne pouvait combattre sous le drapeau d'une nation, elle combattrait sous le sien. Elle savait maintenant se battre et plus que tout au monde elle souhaitait mettre à mal les assassins de sa famille. Sauf qu'un désir aussi grand naquit dans ses pensées : elle ne voulait plus être faible, elle voulait pouvoir protéger des vies humaines, empêcher que son chaos se répète chez d'autres. Sperenza, arborant fièrement le nom de son défunt mari, devint garde du corps avec l'appui de Houssam quant à ses compétences.


Acte VI]- Le Bras de la Justice


Les débuts de carrière sont toujours difficiles et il en fut de même pour celle de Sperenza qui cravacha sang et eau afin de se construire une réputation fiable. De nombreuses années de dur labeur et des périodes de doutes oscillaient. Cependant, au bout de 7 années, la notoriété qu'elle avait en tant que cantatrice avait été dépassée par celle qu'elle avait acquise en protégeant ses employeurs. Les Cigno avaient définitivement disparut, ni Abigaïl ni elle ne se présentaient comme Nobles, elles étaient devenus des personnes du peuple.

Houda garda bien sûr le secret de la véritable identité des deux soeurs tout comme son fils Houssam. Ils étaient les garants de leurs protections dans leur Pays. De plus, Abigaïl tentait de chanter rarement afin de ne pas éveiller les soupçons et Sperenza adopta une manière plus radicale. Chanter pour elle, c'était terminé. Les personnes pour qui elle chantait n'était plus, il était donc normal pour elle que sa voix soit enterrée elle aussi.

Les années défilèrent au rythme des saisons, le coeur de Sperenza s'endurcissant également, comme le bois du tronc qui forme une nouvelle cerne chaque année, son palpitant se caparaçonnait avec le temps. Son armure n'était pas apparente, elle était à l'intérieur de son corps. Rien ne pourrait la briser comme le jour où tous les êtres chers lui avait été enlevé. Vingt ans d'exil à Jazerath, vingt ans pour réfléchir à sa vengeance, vingt ans pour entraîner son bras à trancher. Elle rêvait du jour où elle accomplirait son objectif. Détruire tous ceux qui avait ruiné sa vie.

Elle rendait une dernière fois visite à Abigaïl, la prévenant que le temps était enfin venue pour elle de retourner sur l'île maudite. Bulluno. Elle les vengerait, elles les dernières Cigno qui ne chantaient plus. La Serenata se perdrait avec elles mais telle était leur destiné. Sperenza avait fini par admettre qu'on ne pouvait lutter contre le destin, contre la volonté de Dieu. Elle avait prié de nombreuses fois à l'Eglise, posant des questions qui restèrent sans réponse. Elle fini par se résigner et se persuader qu'elles trouveraient ce qu'elle cherchait dans l'autre Monde.

La soeur cadette ne laissa pourtant pas partir Sperenza, si elle retournait au Pays, elle la suivrait. Il n'y avait plus qu'elle au Monde et sans elle, le courage dont elle faisait preuve durant tout ce temps s'évaporerait comme neige au soleil. Ses yeux n'y voyaient plus mais son âme n'avait rien perdu de sa clairvoyance. Sperenza voulait partir pour ne plus revenir et cela Abigaïl ne pouvait s'y résoudre. Elle força donc son aînée à la prendre avec elle.

Sa soeur était peut être un cygne mais elle était plus têtue qu'une mule. Elles convinrent donc d'une date pour leur départ. Dans trois lunes, elles retrouveraient leur Terre Natale. Pour bien assurer leurs arrières, Sperenza écrit à Ricardo, leur bon vieux pêcheur et ami et apprit bien tristement son décès. Son petit-fils avait reprit la relève et en mémoire de l'amitié qu'ils entretenaient, il fini par leur trouver du travail.

Une riche famille Noble Belmontienne était en proie à la fugue d'un de leurs jeunes oisillons. Les Fenice cherchaient le prénommé Dante, parti en voyage pour « devenir un homme », c'était la raison qu'il avait invoqué avant de quitter le nid. Il se trouvait en Francia d'après les dernières nouvelles qu'il avait envoyé à sa mère. Béatrice était une femme de poigne, elle voulait que son petit soit cadré, cet écart de conduite ne lui serait pas pardonné.

Au début peu enchantée de jouer les nourrices, Sperenza finit par accepter, la rémunération proposée bien plus importante que ce qu'elle pouvait espérer en rentrant à Belmonte. Elle trouva également une place à l'Eglise de San Zaccharia, prête à accueillir une de ses ouailles. Le départ fut donc immédiat après réponse du petit-fils de Ricardo. Elles avaient un pied à terre et qui plus est, chacune un avenir en Belmonte.

Abigaïl avait apprit à pardonner les atrocités qu'on avait fait à leur famille. La Religion lui apprenant la tolérance et le pardon, elle irait rejoindre ses pairs à sa mort et les guiderait. C'était son voeu le plus cher. Sperenza avait un tout autre objectif en tête. Elle ne pourrait mourir qu'une fois tous les assassins des Cigno éliminés.

On dit que les Cygnes sont des Morts-Vivants, des Sirènes apportant mort et désolation. Leur allure glacée tout comme leur corps. Mais ne dit-on pas aussi que toute vengeance est un plat qui se mange froid ….

Un Cygne vengeur arrive ...
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Ludovico III Leone

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Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé _
MessageSujet: Re: Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé   Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé Icon_minitimeLun 28 Mar - 11:05

Ha, j'adore, j'adore! Une Cigno vengeresse! Très très bonne fiche où tout est bien agencé et le contexte très bien assimilé, que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire et que je valide sur-le-champ! Bon jeu à toi sur Belmonte! =)
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Sperenza I. Gian

๑ Cigno all'anima rotta

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MessageSujet: Re: Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé   Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé Icon_minitimeLun 28 Mar - 11:47

Merciiiiiiiiii * s'incline 20 fois *

Je ferais de mon mieux pour assurer mon rôle de trancheuses d'orvets What a Face

Encore mille merci !!
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MessageSujet: Re: Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé   Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé Icon_minitime

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Sperenza Ilda Gian, un Cygne brisé

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